Manifestation devant les bureaux de la ministre responsable de la région de Montréal

Photo de Daniel Bastin
Par Daniel Bastin
Manifestation devant les bureaux de la ministre responsable de la région de Montréal
(Photo : ACIST)

L’Association de la communauté de l’île Sainte-Thérèse (ACIST) appuie le projet de création d’un parc écotouristique dans cet espace vert de près de 6 kilomètres carrés qui appartient au gouvernement du Québec. Toutefois, plusieurs de ses membres ont manifesté le 29 octobre dernier devant les bureaux de Chantal Rouleau, députée de Pointe-aux-Trembles et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, afin de dénoncer la volonté du gouvernement du Québec de les expulser de cette île qu’ils habitent depuis plusieurs générations.
Les manifestants ont précisé que les résidents de l’endroit, au nombre d’une cinquantaine environ, n’occupent que 0,2 % du territoire. Ils soutiennent que leur présence est tout à fait compatible avec la création d’un parc, projet annoncé par les Villes de Repentigny et Varennes, l’Arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).
Qualifiant le geste « d’insensible et d’irréfléchi », ils ont notamment tracé un parallèle avec le drame vécu par les expulsés du parc Forillon en Gaspésie, alors qu’en 1970, le gouvernement avait exproprié 225 familles et propriétaires de 1 500 terrains, obligeant ces derniers à abandonner leur coin de pays pour la création du parc national. Des excuses officielles ont par la suite été présentées par Québec à leur endroit en 2011, soit près de 40 ans plus tard.
Menaces d’expulsions
« Plusieurs personnes âgées qui résident sur l’île ne comprennent pas ce qui leur arrive. La menace d’une expulsion, un geste d’une grande insensibilité, les expose à un très grand stress », a déploré Fannie Martin, porte-parole de l’Association de la communauté de l’île Sainte-Thérèse.
« Le gouvernement entend déraciner une communauté établie depuis longtemps, alors qu’il pourrait réussir un magnifique paysage humanisé avec la collaboration de ceux et celles qui connaissent le mieux l’île Sainte-Thérèse. Si le gouvernement s’entête ainsi, il provoquera un drame humain dont le Québec se souviendra longtemps », a-t-elle ajouté.
Dans son mémoire en vue de la transformation de l’île Sainte-Thérèse en un parc écotouristique, l’ACIST propose plusieurs mesures pour la protection et la conservation de l’endroit, dont régler les problèmes d’érosion des berges, surtout du côté de la voie maritime du Saint-Laurent; restaurer les marais; identifier et éliminer les espèces envahissantes; contrôler les surpopulations animales (castors, bernaches, chevreuils).
Enfin, l’Association estime que la présence de résidents sur l’île Sainte-Thérèse n’est pas incompatible avec la création d’un parc écotouristique. « Ils occupent des chalets depuis une centaine d’années et collaborent à toutes les missions scientifiques pour la protection et la conservation de l’île », est-il écrit dans le mémoire. « Ils prennent soin de l’île depuis toujours, se comportant comme les gardiens des lieux. Ils préparent une charte citoyenne de la protection et de la conservation de l’île Sainte-Thérèse, charte à laquelle adhéreront les résidents de l’île. »
Procès en 2022
Rappelons dans ce dossier que Québec est propriétaire de l’île Sainte-Thérèse et qu’en 2016, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles a sommé ceux que le gouvernement appelle les « illégaux », soit les occupants de 116 chalets, de démanteler leurs installations et de quitter définitivement les lieux dans un délai de sept mois ou de régulariser leur situation.
Pas moins de 22 chalets ont été rasés par le ministère à la suite de ce délai. Toutefois, plus d’une cinquantaine de propriétaires refusent encore de quitter l’île se sont regroupés pour former l’Association de la communauté de l’île Sainte-Thérèse. Ses membres ont engagé des avocats pour faire reconnaître leurs droits légitimes d’occuper ce territoire, tout en continuant d’habiter leurs chalets depuis le déclanchement des procédures judiciaires. Le procès devrait finalement avoir lieu au printemps 2022.

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