Un nu main de nature de Benoit Asselin: Le testament d’un maître jardinier

Photo de Steve Martin, Initiative de journalisme local
Par Steve Martin, Initiative de journalisme local
Un nu main de nature de Benoit Asselin: Le testament d’un maître jardinier

Horticulteur de cœur et de vocation, auteur par amour des mots, Benoit Asselin a passé beaucoup de temps à planter, arroser, agencer et regarder pousser. Pas étonnant que cet ami des arbres soit devenu un contemplatif. À l’aube de sa pleine retraite, l’Amablien a choisi de coucher ses pensées sur papier dans son nouveau livre Un nu main de nature publié par b.a. ba Édition. 

Benoît Asselin a amorcé sa carrière à 17 ans comme aide-jardinier avant de partir étudier l’horticulture dans l’Ouest canadien où, dans la Vallée Okanagan, il a habité durant 10 ans.

Après être revenu au Québec et avoir retrouvé le plaisir de vivre en français, cet homme, qui a su mettre à profit son pouce vert et les enseignements à l’école du Jardin botanique, a continué de cultiver ses connaissances et sa compréhension de la nature au fil de ses expériences.

« Ça fait plus de 40 saisons que je travaille dans le jardinage, nous raconte-t-il. Moi, je n’ai jamais bien fonctionné dans le milieu du travail traditionnel. C’est pourquoi, au fond, j’étais voué à faire un métier saisonnier. Ça m’a permis de me libérer du temps pour faire mes affaires! À ma sortie de l’école, je suis allé travailler pour les frères Lemaire de Cascades à Drummondville parce qu’ils investissaient beaucoup dans l’environnement. J’ai travaillé avec les meilleurs de l’horticulture à l’époque. »

Le photographe Éric Gourdon au moment de la prise d'une photo.
Le photographe Éric Gourdon

À travers une fenêtre

De 1996 à 2013, Benoit Asselin a par ailleurs été propriétaire de sa propre entreprise en horticulture dont il s’est éventuellement départi. Depuis, il continue de pratiquer sporadiquement, par plaisir, en plus d’écrire des bouquins.

« J’en ai écrit six ou sept. Ils sont publiés en France, en Afrique et ailleurs dans la francophonie, mais pas au Québec parce qu’il n’y a pas de distributeur. Un nu main de nature est différent par contre. Ce n’est pas de la fiction. Je parle d’environnement, de plantation d’arbres, de jardinages, des fleurs, des êtres humains… »

C’est d’ailleurs à la relation entre l’homme et la nature que s’attarde notre auteur dans les pages du livre pour lequel il a collaboré avec le photographe Éric Gourdon.

« Souvent, les gens regardent la nature, comme si c’était à travers une fenêtre, mais ils ne se rendent pas compte qu’on fait partie d’elle. Pour moi, une plante, c’est plus qu’un végétal. C’est un être vivant. Ça ne court pas après un bâton, ça ne lève pas la patte pour faire pipi comme un chien, mais les jardiniers comprennent leur langage, comment ils communiquent. Quand je  marche dehors, j’observe. Par les nuances de vert de son feuillage, je vois si une plante est en santé. Si elle a des fleurs en abondance, je sais que c’est peut-être parce qu’elle souffre. Elle fleurit pour produire des semences pour créer une prochaine génération. Certains paysans vont même blesser des arbres fruitiers afin de s’assurer d’avoir de meilleures récoltes. »

 

La couverture du livre Un nu main de nature
Un nu main de nature, le dernier bouquin signé Benoit Asselin et sans aucun doute, son plus personnel.

La transmission du savoir

Même s’il est inquiet pour l’avenir de la planète, celui qui a également enseigné son art à une nouvelle génération se sent tout de même encouragé en voyant plusieurs jeunes étudier les sciences de l’environnement.

« Ces jeunes, qui ont moins de 30 ans, je dirais même qu’ils me bousculent dans mes vieilles habitudes. Et c’est bien, parce que ce sont eux qui vont prendre la relève. C’est nécessaire, sinon, on s’en va chez le diable! »

L’auteur espère pour eux d’ailleurs que le travail d’horticulteur sera un jour reconnu comme les autres métiers de la construction, comme les peintres, plombiers, électriciens…

« Je dis toujours qu’être horticulteur, c’est comme être un vétérinaire pour les plantes! Aujourd’hui, je suis un jardinier reconnu, mais j’ai fait des erreurs dans ma carrière, surtout à mes débuts. Aujourd’hui, je suis plus téméraire et ça fonctionne. C’est à force de travailler avec des plantes qu’on accumule les informations qui vont nous permettre d’être meilleurs. C’est comme le patin : plus on patine, meilleur on devient! Même chose pour l’écriture. Je regarde ce que j’ai écrit il y a 20 ans et avec le recul, je trouve ça terrible, pas cool du tout! Mais aujourd’hui, j’ai trouvé mon style et j’aime ce que je fais. »

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