Si Fred Pellerin a remis le conte au goût du jour depuis quelques années, quelques dizaines de ses confrères et consoeurs, dont la conteuse Verchèroise Françoise Crête, sillonnent les routes du Québec afin de faire découvrir leur univers à ceux qui aiment se faire raconter des histoires sans artifice… sinon quelques accessoires, au plus.
Fière d’un parcours éclectique qui l’a amenée à explorer différentes facettes de la création, Françoise Crête a eu l’opportunité de se présenter sur scène dans notre province, mais également au-delà de nos frontières : en France, en Suède, en Arménie, en Roumanie…
Instigatrice et directrice de l’événement Flots de paroles, seul Festival de contes en Montérégie présenté pour la première fois en 2019, cette volubile dame s’ouvre sur sa vie et sa passion du conte comme on ouvre un livre d’histoire.
“Ça faisait longtemps que j’avais cette idée de faire un festival de contes en Montérégie. Mon objectif, c’était vraiment de promouvoir le conte dans la région et de dépoussiérer un peu la perception qu’on peut s’en faire. Le conte en fait, c’est un peu l’art mal aimé. On pense que c’est la chemise à carreaux, les gens réunis autour du feu ou du poêle à bois. Aujourd’hui, le conte est vraiment devenu ‘spectaculaire’ si on peut dire, en ce sens que ce sont vraiment des spectacles. Les conteurs vont souvent travailler avec des coachs qui vont aussi servir de metteur en scène, qui vont nous aider au niveau de l’écriture quand ce sont des contes de création.”
Le crachoir… aux dames cette fois
Après une année de pause en raison de la pandémie, la conteuse a eu l’idée de regrouper, pour cette nouvelle mouture de l’événement, des femmes qui, comme elle, n’ont pas la langue dans leur poche…
En plus de présenter son propre spectacle Une p’tite odeur de brûlée, mettant en scène le diable et une Ève biblique revampée au goût du jour, elle nous propose d’assister à la Vieille caserne de Verchères, entre le 19 et le 24 octobre, à une ou plusieurs des créations des conteuses venues nous rendre visite et dont les titres piquent la curiosité.
Parmi ceux-ci, Aisselles et bretelles, Comme la prunelle de nos yeux, Autour des trois lunes d’automne, Drôles d’oiseaux! et Le sein mis à nu, spectacle durant lequel la conteuse Diane-Marie Racicot partage avec les spectateurs les récits récoltés au fil de ses rencontres et qui ont tous, comme point commun, cette partie de l’anatomie féminine qui attendrit, fascine, suscite le désir…
« J’avais le goût d’aider aussi les conteuses et surtout celles de la région qui sont très peu connues, ajoute Françoise Crête. Il y a Diane-Marie, mais aussi Ariane Labonté. Nicole O’Bomsawin vient d’Odanak, mais c’est comme collé sur la Montérégie. Comme il n’y avait que des hommes il y a deux ans, je me suis dit : “On ne va prendre que des femmes cette année! »
À l’ère du numérique
Malgré la longue tradition folklorique dont elle s’inspire, Françoise Crête rappelle que l’art du conte a bien évolué et prend racine dans le monde et l’époque dans lequel nous vivons aujourd’hui.
‘Nous avons eu du soutien via le programme Présence numérique qui a été créé afin d’aider les artistes à se moderniser, à se sentir à l’aise avec tout ce qui est numérique. Si les salles doivent fermer de nouveau en raison de la COVID-19, tous les spectacles vont être filmés et pourront être présentés sur Internet. Un des spectacles sera d’ailleurs traduit dans le langage des signes.
Grâce au soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec, de celui du Conseil des arts du Canada et le programme Partenariat de la Montérégie-Est, les artistes de la parole auront par ailleurs droit à une rémunération équitable. ‘Enfin, s’exclame l’organisatrice. Ça fait mon bonheur!’