Le mercredi 30 juin, sur le site de l’ancien aréna Louis-Philippe Dalpé, le maire Martin Damphousse procédait à la traditionnelle première pelletée de terre marquant le début des travaux du futur Centre multifonctionnel de Varennes. Un geste symbolique qui survient dans la foulée des annonces qui, depuis 2020, ont été faites en grande pompe. Au cours des derniers jours, le projet a cependant suscité la controverse au sein de la communauté varennoise.
Lors de la présentation, M. Damphousse a annoncé l’aménagement d’une avenue ornée d’arbres et d’espaces verts sur la future Place du 350e. Le centre devrait, une fois sa construction complétée, accueillir les services récréatifs et communautaires de la Ville. Des organismes culturels et sportifs pourront également bénéficier de ses locaux.
D’une superficie de 48 000 pieds carrés, l’immeuble va également comprendre un gymnase double et un dojo. Des espaces qui serviront aux organismes dédiés à la pratique des arts martiaux. Le centre offrira un accès à des salles de conférence et une grande salle de réception munie d’une scène. Une cuisine fonctionnelle sera de plus aménagée pour la tenue d’événements.
L’an dernier, l’homme à la tête de l’administration varennoise avait annoncé que, avec une facture de 16 millions de dollars*, le Centre multifonctionnel de Varennes serait le « plus important projet public » de l’histoire de la ville qui va célébrer son 350e anniversaire en 2022.
Immeubles à logements
Or, malgré ces promesses, de nombreux citoyens ont manifesté leur désaccord ces derniers jours. Ces derniers ont réagi après avoir pris connaissance des derniers développements concernant son financement. Il fut en effet dévoilé récemment que le projet, qui devait pourtant être public dans l’esprit de plusieurs, avait été vendu à la société Cogir CGI.
Cogir Immobilier possède plus de 250 immeubles répartis au Québec, en Ontario et aux États-Unis. Selon le site de l’entreprise, le projet comprend, en plus du centre multifonctionnel, deux immeubles de 16 logements chacun.
En devenant locataire de son centre, la Ville devra verser annuellement la somme de 1,2 million de dollars par année. Le tout, durant une période minimale de 25 ans. Soit un total de 30 millions de dollars qu’encaissera l’entreprise spécialisée en gestion immobilière. Cogir devrait par ailleurs bénéficier une avance de 4 millions de dollars de la Ville dès le premier jour d’occupation. En revanche, Varennes devrait recevoir une somme de près de 2 millions de dollars pour la vente du terrain.
Une consultation publique demandée
Pour les citoyens qui ont manifesté leur mécontentement sur les réseaux sociaux, il semble difficile de comprendre cette décision. Certains se demandent d’ailleurs comment celle-ci va profiter à la communauté.
« La Ville a dépensé plus de 2,5 millions de dollars pour préparer le terrain, s’est insurgé un Varennois. [Pour la] démolition de l’aréna, de la Maison des jeunes, les firmes de génie, ingénieurs, arpenteurs, notaires, la construction du bout de rue de la Place du 350e […] le raccordement des égouts/eau aux deux nouveaux immeubles à condo construits sur le terrain de l’aréna par et pour le promoteur. »
« Faudrait voir le bail, propose une autre observatrice. Est-ce que le promoteur paie les taxes, Hydro, l’entretien et gère l’installation? J’aimerais voir le calcul de la Ville. Je ne peux pas croire qu’ils ont pris cette décision sans avoir calculé les avantages. »
Certains intervenants se sont en outre questionnés sur la décision de l’administration municipale de tenir ses séances spéciales à huis clos. Un internaute a évoqué une similitude entre ce dossier et la vente controversée de terrains au parc Saint-Charles en 2019.
Gestion de risque?
En réponse à ces allégations et aux nombreuses demandes de consultation référendaire sur la question, l’administration municipale a, pour sa part, tenu à apporter certaines précisions. Par le biais d’un message publié sur le site de la Ville, les membres du conseil affirment que le public a été informé, via les différents médias municipaux, du développement du projet et des décisions prises concernant l’exploitation de la nouvelle infrastructure.
« Le modèle de financement favorisé par la Ville, soit une convention de bail en partenariat avec Cogir CGI Varennes société en commandite, constitue un choix économiquement judicieux pour les contribuables, peut-on lire. Différents scénarios financiers ont préalablement été analysés par la Ville, mais celui-ci renferme les meilleurs avantages au bénéfice des Varennois. Le loyer de 1,2 M$ qui sera versé au partenaire Cogir CGI sur une période de 25 ans constitue une assurance pour les contribuables dans la gestion du centre multifonctionnel.»
Selon l’administration municipale, les risques seront ainsi assumés à 100% par le partenaire du projet. Et ce «peu importe les fluctuations de l’économie, des taux d’intérêt ou autres imprévus. À cet égard, la croissance des coûts de construction générée par la pandémie au cours des derniers mois n’aura aucun impact sur le projet, la Ville ayant choisi d’être locataire plutôt que maître d’œuvre. »
L’administration affirme par ailleurs que le transfert des activités municipales et des organismes vers le centre multifonctionnel va permettre d’éliminer des dépenses annuelles d’un demi-million de dollars par année en location de salles. Le coût total du projet est estimé à 18 millions de dollars.