Tournages dans le Vieux-Boucherville : un moratoire pour cinq plaignants

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Par Diane Lapointe
Tournages dans le Vieux-Boucherville : un moratoire pour cinq plaignants
Les tournages font rayonner le Vieux-Boucherville tant dans des séries québécoises que dans des séries américaines.

Le Vieux-Boucherville séduit les réalisateurs et plusieurs tournages y sont régulièrement accueillis. Toutefois, pour quelques résidents, ça tourne un peu trop, alors que pour plusieurs autres, cette activité est vue d’un très bon œil.
De l’avis de ces derniers, ces tournages génèrent des retombées économiques importantes, car les producteurs louent des résidences et des espaces à de nombreux citoyens. Pour un stationnement privé, ils peuvent payer plus de 1 000 $ pour trois jours, alors que pour la location d’une résidence, selon la période requise, ce sont parfois des dizaines de milliers de dollars qui sont versés aux propriétaires. De plus, les équipes de tournage contribuent à l’économie locale, que ce soit pour acheter de la nourriture, de l’essence ou des équipements. Enfin, ces citoyens
estiment que les retombées en visibilité pour Boucherville doivent être prises en considération, car le mot se passe rapidement chez les producteurs télé ou cinématographiques.
Plus exactement, ce sont sept plaintes formulées par cinq citoyens ‒ trois en décembre dernier et quatre depuis le début de l’année ‒ qui ont amené les autorités municipales de Boucherville à adopter un moratoire sur les tournages dans le Vieux-Boucherville jusqu’au mois de mai, en principe. Durant cette période, la Ville étudiera une façon de « mieux » encadrer cette activité dans ce secteur.
Si certains n’en peuvent plus, et soutiennent que les nuisances causées par cette activité sont nombreuses, d’autres citoyens, par contre, sont heureux de voir s’installer des équipes de tournage et trouvent dommage la suspension des productions. Ils sont d’avis qu’il s’agit, somme toute, d’une activité intéressante dans le quartier et que les producteurs prennent beaucoup de précautions pour pour respecter les citoyens et ne pas les incommoder.

« Des lettres sont distribuées à chaque résidence pour nous aviser à l’avance des tournages, des emplacements spécifiques et des contraintes temporaires. Ces tournages prouvent que notre environnement est beau et apprécié. Je me fais d’ailleurs un malin plaisir de retrouver des emplacements de Boucherville lors des visionnements de ces séries sur le petit écran ! », explique Sylvie Bélisle qui réside sur la rue Notre-Dame.
Des producteurs ont loué à au moins trois reprises l’ancienne épicerie de Normand Provost située sur la rue De Montbrun. « Ça ne dérange pas mes voisins. Et personnellement, je trouve même que ça amène de la vie dans le quartier. Les producteurs sont d’ailleurs très accommodants », remarque-t-il.
« La Ville, en décidant d’appliquer un moratoire, vient de plaire à cinq personnes, mais elle vient de déplaire à une vaste majorité de gens qui n’avaient pas fait de plaintes », analyse pour sa part Jean Laramée, un résident de la rue Saint-Charles.
Des dédommagements
Cette activité peut être envahissante et parfois entraîner des problèmes de cohabitation; moins de places de stationnement, circulation et accès plus difficile, éclairage le soir, etc. Par contre, selon les commentaires entendus, les producteurs tentent de limiter le plus possible les impacts et dédommagent d’ailleurs les citoyens qui subissent des nuisances.
« Les équipes de tournage sont très respectueuses et ne laissent pas de déchets ou quoi que ce soit derrière elles. Il est difficile d’imaginer en quoi leur présence constitue une nuisance. Lors du dernier tournage de The Republic of Sarah, une génératrice était placée à côté de notre maison, et je ne peux même pas vous dire à quoi ressemble son bruit. Et les voisins ont reçu un dédommagement pour les inconvénients », rapporte pour sa part Steve Martin qui habite rue de la Perrière.
Des chiffres
Durant la période comprise entre le 25 janvier et le 10 mars derniers, il y a eu 30 journées de tournage dans le Vieux-Boucherville.
Pour chacun des tournages, une autorisation de la Ville est requise. L’objectif est davantage destiné à régir l’activité plutôt qu’à en tirer profit.
Ainsi, pour l’ensemble du territoire de la Ville, les revenus provenant des permis de tournage accordés ont été de 31 000 $ en 2018 (98 jours de tournage); de 38 700 $ en 2019 (141 jours de tournage); 63 280 $ en 2020 (98 jours de tournage, incluant un arrêt de mars à mai en raison de la pandémie); et pour le premier trimestre de 2021, de 18 395 $ (31 jours).

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