Plus de 7 000 pétitionnaires pour protéger le versant de Sainte-Julie du mont Saint-Bruno

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Par Daniel Bastin
Plus de 7 000 pétitionnaires pour protéger le versant de Sainte-Julie du mont Saint-Bruno
Selon le comité à l’origine de ce mouvement, il y aurait « urgence d’agir », car « la Ville de Sainte-Julie a publié le 9 mars dernier un appel d’offres prévoyant le déboisement, l’excavation et le dynamitage du roc pour l’aménagement des infrastructures ».
Le projet de construction de quinze résidences de prestige du développement de la Falaise, anciennement désigné comme le prolongement de l’avenue de la Montagne. (Source: DuProprio)

Près de 7 000 citoyens ont signé en quelques jours seulement la pétition « Sauvons le versant de Sainte-Julie du mont Saint-Bruno – déboisement imminent ». Selon le comité qui est à l’origine de ce mouvement, il y aurait « urgence d’agir », car « la Ville de Sainte-Julie a publié le 9 mars dernier un appel d’offres prévoyant le déboisement, l’excavation et le dynamitage du roc pour l’aménagement des infrastructures nécessaires au projet de construction de quinze résidences de prestige du développement de la Falaise, anciennement désigné comme le prolongement de l’avenue de la Montagne ».
« Si nous soulignons les récentes actions de la Ville de Sainte-Julie en matière de protection de l’environnement, nous sommes d’avis qu’il y a moyen, plus que jamais, de faire plus et mieux », ont indiqué les membres du comité Sauvons le versant de Sainte-Julie du mont Saint-Bruno.
« Pour continuer d’agir positivement, nous demandons à la Ville de Sainte-Julie d’appuyer nos démarches de protection de la forêt du versant du mont Saint-Bruno à Sainte-Julie; exercer tous les pouvoirs municipaux légaux disponibles pour protéger le plus intégralement possible le caractère naturel du secteur; travailler de concert avec toutes autres instances ou organisations compétentes pour accélérer et améliorer la protection du versant du mont Saint-Bruno à Sainte-Julie », est-il indiqué dans le libellé de la pétition qui se trouve sur le site www.change.org.
Devant la Cour supérieure
Pour les signataires, « la destruction de ce milieu est un non-sens pour plusieurs raisons », dont au premier chef, « parce que le site visé par ce développement abrite au moins une espèce protégée par la Loi sur les espèces menacées et vulnérables ». À ce sujet, il faut rappeler que le comité citoyen a reçu le soutien du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), dont les avocats partenaires ont déposé une demande d’injonction devant la Cour supérieure afin de protéger une plante rare menacée par ce projet immobilier à Sainte-Julie, le ginseng à cinq folioles. Dans un communiqué publié la semaine dernière dans le journal La Relève, le CQDE disait s’inquiéter de l’autorisation du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) accordée au projet.
« Le MELCC a autorisé la transplantation de spécimens de cette espèce floristique menacée pour permettre le développement d’un projet immobilier à Sainte-Julie, estimant qu’il s’agissait d’une activité requise » pour des fins de gestion » de l’espèce », est-il mentionné dans le communiqué. « Pour justifier sa décision, le ministre s’appuie sur l’une des exceptions prévues à l’alinéa 3 du paragraphe 2 de l’article 16 de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (LEMV). Cette disposition permet notamment de lever l’interdiction de détruire l’espèce ou l’une de ses parties si une activité est requise pour » des fins éducatives, scientifiques ou de gestion [… ] «. »
« Des renseignements obtenus suite à une demande d’accès à l’information faite par le CQDE ont révélé que l’utilisation de ce motif par le MELCC pour justifier de telles transplantations ne semble malheureusement pas être un cas isolé. Selon le CQDE, le MELCC pourrait autoriser des activités de transplantation lorsque le projet sous-jacent est spécifiquement conçu pour aider le rétablissement de l’espèce ou sa survie, alors que dans ce dossier, la transplantation est autorisée pour permettre la réalisation d’un projet qui détruirait le milieu naturel de l’espèce menacée. »
Dossier judiciarisé
Des questions à ce sujet ont été posées par des citoyens lors de l’assemblée municipale de Sainte-Julie du 13 avril dernier. La mairesse, Suzanne Roy, a déclaré que la Ville n’émettrait aucun commentaires à ce sujet étant donné que ce dossier est judiciarisé.
Mme Roy a toutefois rappelé que le terrain où est prévu ce développement résidentiel n’appartient pas à la Ville, mais à un promoteur privé, Domaine des Hauts-Bois inc., et que ce site est « zoné construisible » depuis les années 1970. À l’origine, ce terrain s’étendait sur plus de vingt hectares, mais aujourd’hui il ne fait plus que quatre hectares environ, car 80 % de sa superficie a été transformée en zone de conservation à perpétuité grâce, entre autres, aux démarches entreprises par Sainte-Julie et Nature-Action Québec, a-t-elle mentionné.
En 2009, les citoyens des rues environnantes de ce secteur ont été consultés sur un projet de 105 habitations à l’époque, a fait valoir Mme Roy. Aujourd’hui, il est question de quinze habitations de prestige sur environ quatre hectares, soit la moitié de la superficie initiale, alors que les élus auraient « ajouté des exigences environnementales pour protéger le boisé ».
La mairesse a également expliqué qu’il y a eu un appel d’offre pour les infrastructures, mais que « l’octroi de ce contrat ne se fera que si toutes les exigences sont respectées. Autrement dit, il n’y aura aucune adjudication de contrat tant et aussi longtemps que toutes les conditions n’auront pas été respectées. »
Au lendemain de l’assemblée, Sonia Pépin, du comité citoyen Sauvons le versant Sainte-Julie du mont Saint-Bruno, a écrit sur la page Facebook du groupe qu’elle était particulièrement déçue que les citoyens n’aient pas eu de réponse au « préoccupations légitimes » des citoyens quant au projet de la rue de la Falaise et reprochait du même coup le « manque de transparence » du conseil.
« Pourtant, la plupart des questions n’étaient pas en lien avec le litige sur la protection des espèces menacées qui vise le ministère de l’environnement », a-t-elle déploré.

 

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