De l’eau fortement polluée sortant d’un bassin de décantation de la Ville de Longueuil s’écoule lentement, mais sûrement, dans le Boisé du Tremblay, aux limites de Boucherville. L’émissaire s’écoule directement dans un ruisseau d’une eau limpide, dans le boisé du Tremblay, un refuge faunique d’importance de la rainette faux-grillon au Québec.
Des poissons et grenouilles mortes y ont été observés et un silence complet régnait alors qu’en temps normal, le cri des rainettes se fait entendre en pleine saison printanière. La Fondation Rivières demande au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques de revoir les autorisations émises par son ministère et qui font en sorte que des dépôts à neige laissent s’écouler des panaches de pollution dans les cours d’eau.
Un citoyen bien connu de Longueuil et environnementaliste, Patrick R. Bourgeois, s’est rendu il y a quelques jours sur le site pour vérifier l’origine de la contamination, « On ne peut tolérer qu’un dépôt à neige, montagne de pollution s’il en est une, s’écoule dans une réserve faunique, tuant les rainettes faux-grillon au passage. Il est plus que temps de revoir la gestion de ces dépôts. »
Selon la Fondation Rivières, les normes gouvernementales doivent être révisées et tenir compte de la fragilité de certains milieux. De simples bassins de décantation, trop petits de surcroît, ne permettent que d’enlever le sable. De nombreux autres contaminants (chlorures, sels, métaux, huiles et graisses, micro-plastiques, etc.) provenant des neiges souillées s’échappent ainsi jusqu’aux cours d’eau.
Pour Alain Saladzius, ingénieur et président de la Fondation Rivières, « le traitement des eaux fortement polluées qui sortent des dépôts à neige doit être amélioré. Les critères de conception sont trop faibles et ne tiennent pas compte du milieu récepteur.
Pas de problème selon la ville
La Ville de Longueuil a rapidement réagi à l’alerte lancée. Du 9 au 14 avril, quatre opérations d’échantillonnage ont été effectuées et un seul des échantillons récoltés a montré un résultat légèrement au-dessus de la norme de matières en suspension, soit celui du 9 avril (45 mg/L), alors que les échantillons subséquents montraient des taux bien en deçà de la norme. Une des hypothèses qui expliquerait ce résultat légèrement au-dessus de la norme est la météo particulièrement clémente avec des températures élevées observées au cours des derniers jours, ce qui aurait accéléré la fonte de la neige. La concentration en chlorure, quant à elle, a toujours été sous la norme, tout comme la concentration en huiles et graisses.