Prolongement du REM jusqu’à Boucherville: « Une planification « à l’envers » qui ne répond pas aux besoins des citoyens », selon Florence Junca-Adenot

Photo de François Laramée. De l’Initiative de journalisme local
Par François Laramée. De l’Initiative de journalisme local
Prolongement du REM jusqu’à Boucherville: « Une planification « à l’envers » qui ne répond pas aux besoins des citoyens », selon Florence Junca-Adenot
Florence Junca-Adenot

Le projet de prolongement du Réseau express métropolitain (REM) jusqu’à Boucherville, à l’étude présentement par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), ne tient pas sur les rails, selon l’ex-présidente directrice générale de l’Agence métropolitaine de transport et Bouchervilloise depuis plus de 50 ans, Florence Junca-Adenot.
« Pour moi, ce projet, c’est une surprise totale.
Le prolongement du REM à Boucherville me semble avoir été planifié à l’envers pour au moins deux raisons. Il ne répond absolument pas aux besoins des citoyens de Boucherville, car il n’y a pas de masse critique de clientèle et pour le rendre d’une quelconque façon rentable, il faudra déclencher ou provoquer un afflux de clientèle sur le territoire, un peu comme c’est actuellement le cas en bordure des nouvelles stations du REM à Brossard.
Il suffit de voir pousser les tours d’habitation et les édifices commerciaux, en bordure des futures stations locales du REM, pour observer cet afflux qui n’est, en définitive, qu’un déplacement de population, car pour les 30 prochaines années, les projections démographiques indiquent que le Québec ne sera pas en progression, mais bien en stabilité », affirme celle qui a également été vice-rectrice de l’Université du Québec à Montréal.

Lourd et intrusif

« Un REM est un mode de transport lourd et intrusif, une énorme infrastructure qui doit s’inscrire, en amont, dans la planification d’un territoire, pas en aval, une fois le territoire développé.
Aussi, il ne faut pas éluder l’aspect financier. Un tel tracé entre Châteauguay et Boucherville couterait très cher pour desservir des villes qui n’ont pas du tout la masse critique de citoyens pour le justifier, donc ce sont, au final, nos taxes, à tous les paliers, qui vont éponger les couts d’un tel mode de transport, dans des municipalités à faible densité de population.

Localement, et surtout en tenant compte des nouvelles habitudes de télétravail, il faut vraiment viser autre chose, par exemple prendre cet argent et l’investir dans l’amélioration des modes de transport en commun existants tels que le Réseau de transport de Longueuil où l’on pourrait améliorer les lignes, les véhicules et les liens express.
À cela s’ajoute aussi localement une urgence beaucoup plus réelle, soit de procéder au déplacement de l’actuelle voie ferrée qui passe en plein cœur de la Ville de Boucherville. En raison de l’augmentation, à moyen terme, de l’achalandage ferroviaire en provenance des nouvelles installations portuaires à Contrecœur, la situation deviendra intenable.

À Boucherville, nous avons un historique de qualité de vie enviable parce que nous avons su conserver une qualité de vie exceptionnelle. Un fleuve, des espaces verts, un développement stable et harmonieux, une qualité de vie que plus de 42 000 citoyens et citoyennes ont choisi pour y vivre et pour y grandir, pas pour y voir ériger des tours à bureaux ou de condos, et des trains électriques en plein cœur de leur ville », conclut celle qui a également présidé les fêtes du 350e anniversaire de Boucherville.

Partager cet article