En novembre, les archéologues de la coopérative Artefactuel ont eu l’opportunité unique de faire des fouilles sur un site pour le moins exceptionnel, celui de l’ancien Moulin Brodeur à Varennes.
Alors qu’il cherchaient les vestiges enfouis le long du chemin de la Côte-Bissonnette, nos chercheurs de trésors ont en effet pu déterrer des souvenirs du passé dans un secteur ayant subi peu de perturbations au gré des époques.
« Ça n’est pas comme travailler dans le Vieux-Montréal par exemple, explique Luce Archambault d’Artefactuel, ou en plein cœur de Varennes. Ce sont des endroits où les perturbations modernes sont venues altérer l’intégrité du contexte archéologique. Alors que sur le chemin de la Côte-Bissonnette, nous nous sommes retrouvés sur un site où il n’y a pas eu de construction, d’ajout de service. Quand on parle d’un lieu qui a conservé son intégrité, c’est en fait comme si les habitants avaient quitté et simplement abandonné leur maison. »
Selon l’archéologue, les différents bâtiments répertoriés auraient tout simplement sombré dans la décrépitude, laissant à la nature le loisir de reprendre le dessus. « À peine avons-nous entrepris d’excaver la végétation que nous sommes tombés sur des vestiges des fondations des maisons du moulin en pierre, relate Mme Archambault. Il n’y a presque pas eu d’accumulation de remblais. C’est ce qui a fait vraiment la particularité du site. Ça reste des contextes de découvertes et de recherches qui sont quand même assez rarissimes au Québec. »
Mettre de la couleur sur le passé
Si le site de La Saline non loin de là a permis quelques trouvailles, les chercheurs ont plutôt concentré leurs fouilles sur la zone plus riche du Moulin Brodeur et les bâtiments environnants.
« Plusieurs familles y ont habité, ajoute Luce Archambault. L’archéologie nous a apporté vraiment des données plus pointues sur le mode de vie des occupants. Par exemple, dans la résidence que nous avons fouillée, nous avons trouvé beaucoup d’artefacts qu’on va appeler « de contexte domestique ». On a des objets de la vie de tous les jours. Des fourchettes toujours dans leur bol, des jouets pour enfants et une cinquantaine d’aiguilles à coudre. Dans un endroit que nous supposons être la cuisine, il y avait une concentration de restants de table, de résidus d’objets utilisés au quotidien qui ne sont pas toujours décrits dans les récits historiques et les documents d’archives. L’archéologie nous permet de mettre en couleur ce passé noir et blanc qu’on voit sur papier. »
Un territoire à explorer
Avec le développement industriel anticipé dans le secteur, ce site qui aurait pu être perdu n’eût été de l’initiative du président de la Société d’histoire de Varennes, Jacques Dalpé. Ce dernier a mis la puce à l’oreille de l’administration municipale à propos du potentiel archéologique du terrain appartenant aux entreprises Greenfield Global et Éthanol Cellulosique Varennes.
Selon Mme Archambault, d’autres sites intéressants pourraient par ailleurs se trouver sur le territoire varennois. « Je ne pense pas me tromper en affirmant que Varennes a un fort potentiel de découverte pour son patrimoine archéologique. On parle du chemin de la Côte-Bissonnette, mais il y a plusieurs autres endroits où il y aurait la possibilité de découvrir plein de choses sur l’histoire de la Ville. Il ne faudrait pas perdre les informations avant que tout soit détruit. »