Feu vert à la construction de 59 nouvelles maisons dans le secteur Harmonie

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Par Diane Lapointe
Feu vert à la construction de 59 nouvelles maisons dans le secteur Harmonie
La conseillère municipale Anne Barabé,

Le conseil municipal de Boucherville a autorisé l’ouverture de deux nouvelles rues sur un terrain zoné blanc, c’est-à-dire destiné à être construit, mais comportant des milieux humides temporaires abritant la rainette faux-grillon de l’Ouest. En contrepartie, il s’est engagé à mandater une firme pour capturer et relocaliser dans un boisé adjacent que la Ville a acquis en 2020 cette minuscule grenouille désignée espèce vulnérable et menacée en raison de la perte graduelle de son habitat. Seule la conseillère Anne Barabé, présidente du groupe de travail sur l’environnement, s’y est opposée.
La zone concernée jouxte le parc du Boisé-du-Pays-Brûlé situé en bordure du quartier résidentiel Harmonie, près des rues De Montbrun et Paul-Doyon. En fait, le conseil municipal a adjugé, le 18 janvier, le contrat pour la construction des rues Louis-Quilico et Jean-Vallerand à l’entreprise A. & J.L. Bourgeois inc. afin de permettre au promoteur Construction Citral de réaliser le développement du secteur Harmonie 7B. Ces travaux évalués à 1 637 519 $ seront assumés entièrement par le promoteur qui a obtenu les certificats d’autorisation du ministère de l’Environnement du Québec.
Un vieux dossier
Ce dossier a débuté en 2008, mais c’est en 2016 que les propriétaires du terrain, Les Développements Harmonie inc. représentés par Donato Carlone et Les Placements C.D.F.G. inc. représentés par Denis Messier ont approché la Ville de Boucherville pour développer le secteur. « Le dossier a été mis en suspens parce que nous n’étions pas encore prêts, et c’est en 2018 que les discussions ont repris, explique le directeur général de la Ville, Roger Maisonneuve. Les propriétaires-vendeurs souhaitaient faire développer une partie du secteur, et conserver l’autre partie pour un développement futur. La Ville a insisté pour un projet global. Elle était prête à autoriser un développement partiel et voulait protéger une partie du boisé. »
Achat du boisé
En janvier 2020, la Ville a acquis des propriétaires-vendeurs une superficie de 325 000 pieds carrés du boisé situé au nord de la rue Paul-Doyon pour des fins de conservation. La transaction qui s’élève à 3,1 M$ a été possible grâce à une contribution financière de 2 M$, répartie à parts égales entre le gouvernement du Québec et la Communauté métropolitaine de Montréal. La valeur marchande du terrain s’établissait à 5,8 M$.
En revanche, le promoteur obtient le feu vert pour développer l’autre partie de son terrain d’une superficie équivalente et située au sud de la rue Paul-Doyon.
59 maisons
À terme, 59 résidences unifamiliales haut de gamme d’une valeur moyenne de 700 000 $ à 800 000 $ seront construites. Les travaux d’installation d’égout et d’aqueduc commenceront en février.
Au mois de mars, quatre pièges pour capturer les rainettes faux-grillon de l’Ouest seront installés sur le site à être développé. Les amphibiens seront relocalisés dans le boisé situé de l’autre côté de la rue et appartenant à la Ville.
Mon cœur me dit non
La conseillère de ce quartier et responsable du dossier de l’environnement, Anne Barabé, a demandé le vote. Elle est la seule membre du conseil municipal à s’être opposée à la construction des deux nouvelles rues.
« On aurait besoin des autres paliers de gouvernance pour les dossiers de biodiversité. Malheureusement, ils ne sont pas toujours au rendez-vous. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques a pour principe qu’il ne doit y avoir aucune perte nette en matière de milieux humides, ce serait chouette si ce principe devenait une réalité dans tous les milieux, des petites et grandes villes. Je remercie toute l’équipe pour les efforts qui sont faits en matière de conservation. C’est assez difficile et je constate que la Ville est arrivée au bout de ce qu’elle pouvait faire. Malheureusement, mon cœur me dit que je ne peux pas accepter la destruction de ce milieu. »
Un compromis
Le maire Jean Martel a expliqué qu’il s’agissait d’un bon compromis, qu’il allait voter favorablement, « non pas de gaieté de cœur, mais avec une lucidité. »
Le représentant de l’organisme Environnement nature Boucherville, Guy Morin, a déploré la construction de ces rues sur des sites abritant la rainette faux-grillon de l’Ouest. Il a demandé que la perte de ces sites soit compensée.
Le maire Martel a précisé qu’il en était de sa volonté. « Ce n’est pas facile avec la rareté des terrains, mais nous sommes toujours à examiner les opportunités d’acquisition de terrain. »

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