Sainte-Julie: Une autre maison démolie pour faire place à un multiplex?

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Par Steve Martin, Initiative de journalisme local
Sainte-Julie: Une autre maison démolie pour faire place à un multiplex?

Une maison située près du secteur du Vieux-Village de Sainte-Julie pourrait bientôt être démolie afin d’être remplacée par un imposant multiplex. Un scénario qui se répète de plus en plus souvent dans les municipalités de la région et qui inquiète certains résidents.

La densification urbaine qui s’accélère sur la Rive-Sud fait jaser et suscite de nombreuses discussions sur les réseaux sociaux. La saga du « Far West » de Longueuil a notamment poussé la mairesse Sylvie Parent à prendre la semaine dernière un engagement au nom de son administration. Celui de protéger les résidences privées qui constituent actuellement un Klondike pour certains promoteurs immobiliers. Ces derniers achètent des maisons qui sont souvent en bon état. Le but étant de les détruire pour les remplacer par des multiplex dont les unités sont vendues à prix d’or.

Il s’agit d’un phénomène qui, avec l’exode des Montréalais vers les banlieues, se reproduit un peu partout en Montérégie et contribue à l’augmentation du prix des propriétés. À titre d’exemple, l’arrondissement de Saint-Hubert aurait accordé 251 permis de démolition en 2019 et 256 durant les neuf premiers mois de 2020.

Située à proximité de la métropole, la MRC de Marguerite-D’Youville n’échappe pas à ce mouvement.

Densification urbaine ou vie de quartier?

Dans cette même veine, les Julievillois qui résident le secteur du Vieux-Village ont pour leur part appris la semaine dernière qu’une maison unifamiliale qui se trouve à quelques pas de l’église faisait l’objet d’une demande de démolition.

La construction est située au 500, boulevard Saint-Joseph sur un vaste terrain couvert d’une trentaine d’arbres. Cette dernière pourrait donc être détruite dans quelques mois afin que l’entrepreneur qui s’en est porté acquéreur puisse y construire un multiplex d’envergure.

La demande a été soumise au Comité de démolition. Ce dernier va donc procéder à l’examen du dossier et rendre sa décision lors de la  séance du 30 novembre. Les citoyens pourront y assister par vidéoconférence.

En outre, ceux qui désirent s’opposer au projet doivent exposer leurs arguments et les faire parvenir d’ici le 27 novembre à l’adresse suivante : urbanisme@ville.sainte-julie.qc.ca.

« J’ai été très étonnée », admet Marie-Claude Fafard, une voisine qui compte se prévaloir de son droit de parole. Cette dernière croit par ailleurs que de tels projets augmentent la densification et sont dommageables pour la vie de quartier.

« L’été ici, il y a des marchands, des agriculteurs qui vendent leurs produits locaux. Les rues sont fermées quand on fait notre petite fête de quartier. Malheureusement, il y a beaucoup de personnes âges ici. Elles ne sont pas très familières avec les technologies alors elles ne vont pas assister à des réunions sur Zoom. »

Moins d’arbres, plus de trafic

Une autre citoyenne, Gabriella Perron, fait également partie de ceux qui ont manifesté le désir de s’opposer à la démolition. L’étudiante  a écrit, au nom de sa famille, une lettre adressée à la Ville dans laquelle elle expose ses arguments.

« Je crois que la construction de cet immeuble ne sera pas bénéfique, nous a confié la jeune femme. Elle va détruire l’essence même d’un vieux quartier de la ville. J’ai l’impression qu’on n’a pas tenu compte des gens qui vivent autour. Et puis, si on se fie au plan, on voit que c’est un gros projet. Ça va augmenter le trafic sur Samuel-De Champlain qui est déjà bien embourbé. »

En outre, l’abattage des arbres sur le terrain fait partie des raisons qui poussent les opposants à demander à la Ville de ne pas donner son aval au projet de construction d’un multiplex.

« D’ailleurs, c’est une des raisons pour lesquelles nous avons acheté ici, explique Marie-Claude Fafard. Il y a de beaux arbres matures, de petites maisons, un cimetière. Nous pensions avoir la paix. Mais là, j’ai vu les plans de l’immeuble avec les terrasses et tout. Et ça va être sous notre nez. »

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