Et si on parlait de la maladie mentale?

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Par Steve Martin, Initiative de journalisme local
Et si on parlait de la maladie mentale?
La blogueuse Lydia Migneault et le conférencier Martin Binette (Photo : Entre les deux oreilles)

Le 12 novembre à 19 h, la Ville de Saint-Amable présente la conférence en ligne La maladie mentale, ce n’est pas seulement entre les deux oreilles, un sujet qui a récemment fait la nouvelle dans la foulée de la tragédie de Québec.

D’entrée de jeu, le blogueur précise qu’il n’est ni psychologue, ni spécialiste de la santé, ni coach de vie, mais d’abord et avant tout un homme qui vit avec la maladie mentale depuis sa jeunesse. Son objectif n’est donc pas de donner des conseils ou de tracer une démarche à suivre. Il s’agit plutôt de partager son vécu dans l’espoir que ses paroles sauront trouver écho chez des gens traversant des épreuves similaires à celles qu’il a dû lui-même affronter.

« Ç’a commencé par des troubles paniques à l’âge de 19 ans et des épisodes de dépression, explique le conférencier. Ce que je propose, c’est un témoignage sur mon parcours. Je parle de l’impact que la maladie mentale a eu sur ma vie personnelle, ma vie amoureuse et professionnelle aussi. Il y a eu énormément de tribulations. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir trouvé mon équilibre, mais ç’a quand même pris 25 ans! »

Martin Binette fait par ailleurs une distinction claire entre guérison et rétablissement, un terme plus approprié selon lui. « Je sais que je vais prendre une médication pour le reste de mes jours, admet-il. J’essaie de porter attention à certains signes et symptômes, ce qui me permet de naviguer avec la maladie. Et si mon histoire apporte un peu d’espoir à une seule personne, j’aurai réussi ma mission. »

Une tragédie sans nom

Principal contributeur du site Entre les deux oreilles en compagnie de Lydia Migneault, Martin Binette a par ailleurs fait une entrée sur son blogue dernièrement. Le tout, dans la foulée des événements tragiques survenus à Québec et l’annonce par la suite d’un investissement massif du gouvernement provincial en santé mentale.

Un geste qui, bien que louable à première vue, laisse certaines questions en suspens. « Je salue l’annonce d’un investissement pour la santé mentale. Ça fait des années que je milite pour ça et j’en suis bien heureux. Mais ma déception, c’est qu’il aura fallu une pandémie globale et une tragédie sans nom pour qu’on prenne la santé mentale au sérieux. On sait très bien aujourd’hui que la santé mentale compte pour une large part des dépenses en santé. »

Le conférencier espère notamment que nos élus choisiront de mettre en place des mesures récurrentes plutôt que de se contenter d’une infusion de fonds unique et de plans à court terme. « Ce qui est dommage, c’est qu’on parle de santé mentale seulement lors de la campagne Bell pour la cause et quand un acte horrible est commis. C’est pourtant quelque chose dont on devrait parler à l’année. »

Des propos très durs

Martin Binette s’inquiète par ailleurs de certains propos tenus par le maire de la capitale, Régis Labaume. « M. Labaume a dit que la maladie mentale était la menace la plus importante pour la sécurité dans les grandes villes. Ce sont des propos que je trouve très durs et qui contribuent à la stigmatisation de ceux qui en souffrent. On a fait une association entre les troubles mentaux et les actes violents. Sans minimiser, parce que c’est terrible ce qui s’est passé, une étude de l’Association canadienne pour la santé mentale a démontré que c’est un très faible pourcentage des gens ayant un de ces troubles qui vont commettre des actes violents. Alors je ne veux pas m’emporter, mais je dois dire que ce genre d’amalgame m’agace énormément. »

Parmi les initiatives que salue M. Binette, la création en 2017 d’un ministère des dépendances et de la santé mentale en Colombie-Britannique.

« Au Québec, j’attends un plan précis sur plusieurs années, ajoute ce dernier. J’aimerais savoir comment nous allons investir de façon récurrente et à quel endroit. Et si nous allons éventuellement proposer le remboursement des soins de psychothérapie par le biais de la Régie de l’assurance maladie du Québec. »

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