Le pouvoir de la parole pour soulager la maltraitance chez les aînés

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Par Daniel Bastin
Le pouvoir de la parole pour soulager la maltraitance chez les aînés
Près de 3 personnes aînées sur 10 ayant subi de la maltraitance matérielle, financière, psychologique ou physique au cours de la dernière année n’ont pas parlé ni demandé de l’aide ou signalé la situation à quelqu’un... (Photo : MSSS)

La situation des aînés n’est pas toujours facile, que ce soit entre autres en raison de problèmes de santé ou de sécurité financière et, avec la pandémie et le confinement partiel, c’est encore plus difficile pour une grande partie des gens âgées. Alors pourquoi écrire à propos de l’Enquête sur la maltraitance envers les personnes aînées au Québec 2019 – Portrait de la maltraitance vécue à domicile? Pour rappeler que le début de la solution ou de la prévention commence par la parole; qu’en se confiant, il sera plus facile de se libérer de la situation problématique.
« Les données de l’enquête montrent qu’un nombre élevé de personnes aînées ne parlent pas de ce qu’elles vivent et ne vont pas chercher de l’aide », est-il indiqué dans le rapport publié par l’Institut de la statistique du Québec mené auprès de 8 860 personnes âgées de 65 ans et plus vivant à leur domicile.
« Près de 3 personnes aînées sur 10 ayant subi de la maltraitance matérielle ou financière, psychologique ou physique au cours de la dernière année n’ont pas parlé ni demandé de l’aide ou signalé la situation à quelqu’un. (…) Il est possible que certaines personnes ne perçoivent pas la situation vécue comme de la maltraitance, la nient ou ne veuillent pas se compromettre par rapport à la personne maltraitante. »
On ajoute que près de 6 % des personnes aînées vivant à domicile au Québec ont déclaré avoir vécu au moins un type de maltraitance au cours des 12 derniers mois, ce qui représente 78 900 personnes. Et les auteurs de cette publication présentent des données inédites sur la prévalence de cinq types de maltraitance commis envers ces personnes de 65 ans qui demeurent chez elles.
Constats
Parmi les constats, on souligne que la prévalence de la maltraitance physique ou sexuelle et celle de la maltraitance psychologique sont plus élevées chez les femmes que chez les hommes.
Les auteurs notent aussi que la maltraitance matérielle, financière, psychologique, physique ou sexuelle touchent en plus grande proportion les personnes aînées qui ont vécu des violences avant l’âge de 65 ans; vivent seules plutôt qu’avec un conjoint; perçoivent leur état de santé générale ou mentale comme passable ou mauvais; ont besoin d’aide pour leurs activités quotidiennes; reçoivent des services à domicile comme des soins infirmiers, d’autres services de santé, des soins personnels ou de l’aide domestique.
Dans le cadre de cette enquête, les responsables se sont interrogés également pour savoir qui sont les maltraitants et ils ont réalisé qu’environ le tiers des personnes maltraitantes cohabitaient avec la personne aînée au moment des faits. Les conjoints ou ex-conjoints (25 %) ainsi que les enfants, y compris les beaux-fils et les belles-filles (23 %), sont les personnes mentionnées le plus souvent comme étant les responsables de la maltraitance psychologique.
Le silence protège les abuseurs, car près de 3 personnes aînées ayant vécu de la maltraitance sur 10 n’en ont parlé à personne. Parmi ces personnes qui n’en ont pas parlé ou n’ont pas demandé de l’aide, environ 4 personnes sur 10 ont mentionné que c’était parce qu’elles n’en ressentaient pas le besoin; qu’elles évaluaient que la situation n’était pas assez importante; qu’elles pensaient que le fait de poser l’une ou l’autre de ces actions ne changerait rien ou qu’elles pensaient que la situation allait se résorber d’elle-même. Aussi, près d’une personne aînée maltraitée sur 10 a indiqué ne pas avoir parlé ou demandé de l’aide, car elle se sentait embarrassée ou honteuse ou parce qu’elle ne voulait pas mettre la personne maltraitante dans l’embarras.
« Les données recueillies sont précieuses, car elles contribueront à soutenir l’action du gouvernement et des différents intervenants contre la maltraitance envers les aînés et favoriseront la mise en place de mesures adéquates pour améliorer le repérage et sensibiliser la population. Elles permettront également de mener des activités de prévention appropriées et d’élaborer des politiques et des règlements cohérents », est-il écrit en conclusion de l’étude.
Mais pour que cessent ces situations, c’est la parole qui est d’or, non pas le silence…



La Ligne Aide Abus Aînés

La Ligne Aide Abus Aînés (Ligne AAA) est une ligne téléphonique provinciale d’écoute et de référence spécialisée en matière de maltraitance envers les personnes aînées. Elle offre des services à différentes clientèles et s’adresse spécifiquement aux aînés qui vivent de la maltraitance, à leurs proches, ainsi qu’à toute autre personne (population, intervenants et professionnels) qui est préoccupée par une situation dans laquelle une personne aînée semble subir de la maltraitance. 1-888-489-2287

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