Vaste étude à Boucherville sur la rainette faux-grillon de l’Ouest, une minuscule grenouille menacée

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Par Diane Lapointe
Vaste étude à Boucherville sur la rainette faux-grillon de l’Ouest, une minuscule grenouille menacée
Le projet à Boucherville s’inscrit dans le cadre d’une étude qui vise à prévenir la disparition et à favoriser la réintroduction en milieu naturel de la rainette faux-grillon de l’Ouest. (Photo : Lyne Bouthillier)

Une étude scientifique sur la rainette faux-grillon de l’Ouest est menée à Boucherville. Cette grenouille, la plus petite vivant au Québec, est désignée espèce menacée depuis 2010 en raison de la perte graduelle de son habitat.
L’étude commencée en 2015 vise à développer une expertise unique pour protéger la rainette et, éventuellement, pour la réintroduire en milieu naturel.
Elle s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche intitulé Programme d’élevage et de réintroduction de la rainette faux-grillon de l’Ouest coordonné par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et menée par l’Université d’Ottawa, l’Université Laval, et le Biodôme de Montréal.
Chez nous
À Boucherville, le projet est réalisé dans les boisés Pierre-Dansereau et Du Tremblay, sur des terrains appartenant à la Ville et d’autres à Nature Action. Il consiste à suivre les populations naturelles afin de développer les connaissances scientifiques et techniques qui permettront l’introduction d’individus pour soutenir ou rétablir de nouvelles populations de rainettes faux-grillon de l’Ouest.
Dans chacun des sites, des équipements de capture, par exemple des clôtures bloquant la circulation, ont été installés en août dernier près des étangs de reproduction. Une station de mesure instrumentée sera également placée dans les étangs afin de suivre les paramètres météorologiques et hydrologiques.
Lyne Bouthillier, biologiste spécialiste de la rainette faux-grillon, explique que lors de la migration, le printemps prochain, les spécimens adultes seront capturés avant qu’ils n’entrent dans l’étang de reproduction. Ils seront identifiés puis relâchés de l’autre côté de la clôture. Plus tard dans la saison, un dénombrement des œufs sera fait et la capture des grenouillettes permettra de confirmer le succès de la reproduction. L’année suivante, lorsque les rainettes reviendront, elles seront recapturées afin de vérifier combien seront de retour, et combien auront survécu.
« Puisque nous souhaitons assurer un suivi à long terme, nous avons choisi les sites de Boucherville puisque là, les rainettes vont bien », précise-t-elle.
Le MFFP et la Ville de Boucherville ont établi une convention de prêt d’usage sur une période de quatre ans, soit jusqu’en novembre 2023. La Ville dit démontrer depuis plusieurs années, par ses actions, son intérêt à protéger l’environnement et les espèces vulnérables.
Parallèlement au projet mené à Boucherville, cette même équipe dirige un programme d’élevage et de réintroduction sur le Mont-Saint-Bruno. Les rainettes introduites proviendront du boisé Du Tremblay, soit du même bassin versant de la montagne, car ces individus ont le même ADN. Il y aurait, en effet, des différences génétiques notables dans les populations de rainettes selon les régions qu’elles habitent.

Tout sur la rainette
La rainette faux-grillon de l’Ouest est un petit amphibien dont la taille est entre deux et quatre centimètres. Elle occupe les milieux humides, entourés de milieux terrestres ouverts ou ayant un couvert forestier discontinu. Elle se reproduit dans les milieux humides temporaires peu profonds (étangs, fossés, clairières inondées), c’est-à-dire qui sèchent durant l’été.
Depuis quelques dizaines d’années, sa situation s’est grandement détériorée en raison de la destruction de ses habitats. Elle est ainsi devenue un symbole de la conservation des milieux naturels à proximité des villes.

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