Le directeur général de retour à la Ville de Sainte-Julie après un combat presque mortel contre la COVID-19

Photo de Daniel Bastin
Par Daniel Bastin
Le directeur général de retour à la Ville de Sainte-Julie après un combat presque mortel contre la COVID-19
Pierre Bernardin a été hospitalisé pendant 51 jours, dont 28 aux soins intensifs où il a été plongé dans le coma deux semaines et durant lequel il a failli mourir à deux reprises…

Il y a des gens qui comparent le coronavirus à une « petite grippe » et cette affirmation bouleverse le directeur général de la Ville de Sainte-Julie. Pierre Bernardin a été hospitalisé pendant 51 jours, dont 28 aux soins intensifs où il a été plongé dans le coma deux semaines et durant lequel il a failli mourir à deux reprises. Son retour au travail à l’hôtel de ville est un retour à une vie normale qu’il n’osait plus espérer…
« Quand je suis sorti du coma, il m’a fallu tout réapprendre d’une certaine façon. J’ai dû réapprendre à marcher et j’ai même dû réapprendre à respirer, car le virus s’attaque entre autres aux poumons. Je pesais 35 livres de moins, explique l’homme qui était déjà mince avant que ne frappe la COVID-19. Je n’avais même pas la force de lever ma fourchette! On m’a donné de l’oxygène pendant 40 jours à l’hôpital et j’ai dû me servir d’une marchette pendant une quarantaine de jours. Je n’ai pas fait d’arrêt cardiaque, mais j’ai été atteint au foie et aux reins. J’ai dû également subir quatre traitements de dialyse. »
Le virus l’a durement frappé en mars dernier lors d’un voyage de ski en France prévu depuis un moment avec 21 de ses amis, dont sa femme. À ce moment, la progression de la COVID-19 n’était pas très avancée au Québec et en France. Le problème, c’est que l’hôtel où ils logeaient n’appliquait aucune précaution et les 21 voyageurs ont tous été infectés à des degrés divers, mais Pierre Bernardin est celui qui l’a été le plus durement du groupe.
« À mon retour, je me suis mis volontairement en isolement (NDLR : ce n’était pas obligatoire à ce moment au Québec). Heureusement, car si j’étais entré à l’hôtel de ville, je suis persuadé que tous les collègues dans la bâtisse l’auraient attrapé! »
La fièvre était le premier symptôme apparent, alors que le goût et l’odorat ont commence à se dérégler. « On a fait carboniser des carottes parce qu’on n’a jamais senti que ça brûlait! », se souvient l’homme de 64 ans qui était en pleine forme avant que ne surgisse le coronavirus.
Lors de l’entretien, il a eu une pensée émue pour sa femme qui a vécu une situation difficile elle aussi, car elle a dû être placée en isolation 51 jours d’affilée de son côté. « Les médecins ont failli m’échapper deux fois. C’est elle qui devait décider si on devait me ranimer ou non quand les choses se sont mises à se détériorer sérieusement… »
Le bonheur d’une sauce tomate!
« Je suis parti de très, très loin, estime le directeur général. Je louange les services de santé qui ont pris soin de moi et qui ont mis des services spécialisés à la disposition des gens frappés par le coronavirus. » À son réveil de la période de coma, il a pris deux décisions : prendre sa retraite et tout vendre pour s’installer aux Îles de la Madeleine, un coin du Québec que le couple adore et qui n’a pas été trop affecté par le virus.
Mais, au cours de l’été, l’homme qui était au cœur de l’action à la Ville depuis 10 ans n’en pouvait plus de tourner en rond. En son absence, heureusement, son adjointe Mélanie Brisson et son équipe se sont assurés qu’aucun des travaux majeurs dans Sainte-Julie ne prennent de retard, sinon à cause… de la COVID-19!
« L’accueil à mon retour a été extraordinaire! Tout le monde m’a donné un coup de main et j’ajouterais que c’est un peu à l’image de l’esprit que l’on retrouve un peu partout à travers Sainte-Julie. J’ai reçu près de 80 mots sur des papiers et des ballons. » Son retour, le 16 septembre dernier, lui a fait un grand bien et l’a rassuré, car il semble bien que les seules séquelles qu’il ait encore, c’est qu’il est à 80 % de sa capacité pulmonaire, mais ça va en s’améliorant de ce côté, tout en sachant qu’elle ne sera jamais plus à 100 %. Quant à l’odorat, il revient lentement lui aussi et c’est avec bonheur qu’il a senti dernièrement l’arôme d’une bonne sauce aux tomates!
« Si je témoigne, c’est pour dire qu’il faut continuer de faire attention, car la situation demeure critique. Tout ça peut dégénérer tellement vite. Il faut prendre les précautions nécessaires pour protéger les gens qui nous entourent, pour protéger les gens que l’on aime… »

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