Le 2 septembre dernier, le ministre des Transports, François Bonnardel, et sa ministre déléguée, Chantal Rouleau, ont annoncé le lancement d’un premier appel d’offres lié au projet de Réseau métropolitain de voies réservées (RMVR). Le gouvernement Legault entend ainsi réaliser d’ici cinq ans plus de 200 km de voies réservées dans les couronnes nord et sud de Montréal qui viendront élargir de nombreuses autoroutes afin de soulager la congestion routière.
Les deux ministres ont expliqué en point de presse que l’appel d’offres vise l’octroi d’un contrat pour la réalisation d’une étude d’opportunité qui s’inscrit dans le plan de décongestion afin de doter les grands axes routiers de la région métropolitaine de Montréal de corridors consacrés aux modes de transport pouvant remplacer l’auto solo.
On a précisé que ce mandat permettra d’analyser les besoins des secteurs touchés et de proposer des solutions à implanter sur les axes ciblés, soit les autoroutes 13, 20, 25, 440 et 640 ainsi que la route 116. Le RMVR sera conçu en collaboration avec les instances municipales et le réseau se conjuguera aux projets majeurs touchant les autoroutes 15, 19, 30 et la route 132 ainsi qu’aux autres modes structurants de transport collectif à l’étude. On a ajouté que d’autres tronçons seront étudiés au besoin afin de favoriser une meilleure connectivité du réseau.
« Ce nouveau réseau de corridors consacrés jouera un rôle central pour les déplacements dans la région métropolitaine. Il permettra des rabattements efficaces sur les réseaux existants et ceux en développement, tels que le Réseau express métropolitain (REM) », a souligné Chantal Rouleau, qui est également ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal.
Pour sa part, François Bonnardel a soutenu qu’on ne retirerait aucune voie automobile existante et qu’on ajouterait plutôt des voies pour le transport en commun. Il a ajouté que l’aménagement des voies réservées sur les premiers axes à prioriser ne devrait pas commencer avant la fin de 2022.
Toujours plus de véhicules sur les routes…
Le Réseau métropolitain de voies réservées est attendu avec impatience par les usagers de la couronne sud et nord depuis bien longtemps. Il faut savoir à ce sujet que le Service de la modélisation des systèmes de transport du ministère des Transports du Québec et la firme Conseillers ADEC réalisent, depuis 1997, des évaluations des coûts annuels de la congestion routière dans la région métropolitaine de Montréal en se basant en partie sur des données tirées des enquêtes origine-destination réalisées tous les cinq ans.
Leur dernière évaluation exhaustive date de 2014 et portait sur l’année 2008. « À cette époque, les coûts de la congestion étaient estimés à 1,85 G$ (en dollars de 2008), dont 1,6 G$ était attribuable aux retards, c’est-à-dire à la valeur des heures perdues dans la congestion », peut-on lire dans leur rapport. « Les autres coûts de la congestion sont associés aux coûts supplémentaires d’utilisation des véhicules (l’usure des pneus, la dépréciation, les coûts d’entretien et de réparation, etc.), aux coûts associés à la consommation supplémentaire de carburant, ainsi qu’aux coûts imputés aux émissions supplémentaires de polluants et de GES. »
« Basé principalement sur les résultats des évaluations des coûts de la congestion routière réalisée pour les périodes 1993 à 2008 et sur l’évolution des déplacements constatée grâce aux données des enquêtes origine-destination 2008 et 2013, les Conseillers ADEC ont estimé qu’en 2018, les coûts de la congestion dans la région métropolitaine de Montréal auraient atteint 4,2 G$, dont 1,3 G$ à Laval ainsi que dans la couronne nord et 2,9 G$ dans les agglomérations de Montréal et de Longueuil et dans la couronne sud. »
Toutefois, il faut également rappeler que la congestion routière est peut-être amplifiée par les nombreux chantiers de construction dans la grande région de Montréal, mais les automobilistes sont aussi responsables de leur propre malheur, car ils sont toujours plus nombreux.
Ainsi, selon les données présentées par l’Observatoire Grand Montréal, le nombre de véhicules de promenade (automobiles et camions légers) a fait un bond de 6,8 % de 2013 à 2018 dans la région, soit plus que la hausse de la population qui est de 4,6 %. On comptait 1,96 million de véhicules de promenade en 2018, soit environ 120 000 de plus que cinq ans plus tôt et, en comparaison avec 2001, il y avait 506 000 véhicules supplémentaires sur les routes du Grand Montréal…