Les CPE de Boucherville et de la Montérégie disent non à la maternelle 4 ans !

François Laramée. De l’Initiative du journalisme local
Les CPE de Boucherville et de la Montérégie disent non à la maternelle 4 ans !
(Photo : Carole Mondor)

Le regroupement des centres de la petite enfance de la Montérégie, dont les deux CPE de Boucherville (Boucherville et La Ruche), se mobilisent encore une fois, pour demander au ministre de l’ Éducation du Québec de reculer sur son projet des maternelles 4 ans pour les tout petits.

Selon les dernières déclarations du ministre  « quelque 350 nouvelles classes de maternelle 4 ans ouvriront ainsi comme prévu cet automne malgré la pandémie. »

Faut-il le rappeler, le Regroupement des CPE de la Montérégie (RCPEM), sur mandat de ses membres a pris position contre ce projet depuis 2018 et défend ardemment l’idée que « les enfants apprennent en jouant », énoncé soutenu par de nombreux spécialistes et acteurs du milieu de la petite enfance.

« Il s’agit dans le cadre de cette rentrée scolaire et en réponse à votre annonce, de vous rappeler les raisons pour lesquelles nous défendons l’apprentissage par le jeu pour les enfants de 4 ans; si ce n’est pas pour vous obliger à faire machine arrière, tout au moins pour que vous n’oubliiez pas combien la pression scolaire sur des enfants en bas-âge peut avoir des effets pervers », indique la directrice du Regroupement des CPE de la Montérégie, Claudette Pitre-Robin.

« On peut comprendre que des parents désirent une scolarisation précoce de leur enfant; cependant, il est du devoir des spécialistes de la petite enfance d’attirer l’attention des gouvernants et des populations sur les dangers de cette pratique. À 4 ans, personne n’est prêt pour l’école », dit-elle.

« Dans le secteur de la petite enfance, nous parlons « d’accompagnement par des adultes qualifiés et bienveillants » pour aider les enfants à trouver leur voie dans un environnement sécurisant et adapté. L’accent est mis sur les acquisitions désirées par l’enfant tout en respectant son rythme individuel. Alors que dans le secteur scolaire, les développements pédagogiques et didactiques dominent fortement, et instaurent ainsi un environnement qui ne garantit d’aucune façon la qualité des résultats. La raison est que cet environnement contraignant pour les jeunes enfants, néglige tous les processus éducatifs auxquels ils doivent passer pour développer pleinement et efficacement leurs potentiels. Une équipe conjointe de psychologues des Universités du Colorado et de Denver a étudié l’horaire de 70 enfants âgés de 6 ans. Les chercheurs ont découvert que les enfants qui passent davantage de temps dans des activités « moins structurées » ont un meilleur développement de leur capacité d’autogestion. Sachant que la capacité d’autogestion est un indicateur du rendement scolaire, les activités moins structurées ne peuvent être favorables aux enfants de 6 ans sans l’être davantage à ceux de 4 ans.»

Apprendre en jouant

En réponse au projet des «Maternelles 4 ans», le Regroupement des CPE de la Montérégie avait lancé la campagne : Jouer pour le plaisir d’apprendre. Dans une démarche explicative, le RCPEM veut sensibiliser le public sur l’importance du jeu dans le cursus d’apprentissage de l’enfant et convaincre ainsi de l’improductivité de mettre des jeunes enfants de 4 ans dans un format restrictif et inapproprié du jeu, tel qu’il est admis en maternelle. « Nous disions dans notre campagne que : « Le jeu, dans sa forme la plus pure, est imaginatif, non structuré et initié par l’enfant. Il a un impact sur toutes les sphères de son développement. Jouer, c’est fondamental. En CPE, les enfants ont le DROIT et le TEMPS de jouer. » La différence, Monsieur le ministre, c’est qu’à l’école, on fait jouer les enfants pour apprendre, alors que dans les CPE les enfants apprennent en jouant. C’est en leur offrant la capacité et la flexibilité pour apprendre par eux-mêmes qu’ils développent leurs aptitudes à l’acquisition de connaissances et non en les réglant en dépit de la différence de potentiel et de rythme qu’on observe indubitablement chez les jeunes enfants » précise madame Pitre-Robin.

Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Les citoyens bien formés, heureux et utiles à la société ne seront pas ceux qui auront brûlé les étapes et seraient passés à côté de leur enfance, mais bien ceux qui auront fait leurs apprentissages suivant leur propre rythme. C’est préparer un avenir plus solide que de laisser l’enfant appréhender son environnement par lui-même, selon sa curiosité et en toute liberté, sans contraintes et sans autres restrictions que celles qu’exigent sa prise en charge sécuritaire. L’idée des « maternelles 4 ans » est absolument inappropriée pour les enfants et tient peu compte de leurs besoins. Nul autre pour le dire et l’expliquer Monsieur le ministre, que des gens investis au quotidien c’est à dire les intervenants immédiats en petite enfance, qui ont à cet effet signé massivement, une Charte du droit au jeu.

Ce sont donc les membres, éducateurs et éducatrices en petite enfance, directrices générales de CPE, adjoints et adjointes de directions, conseillères pédagogiques, agents de soutien technique et de soutien pédagogique, agents de conformité et responsables d’alimentation, formateurs et formatrices spécialisés en petite enfance etc. qui à travers le Regroupement des CPE de la Montérégie (RCPEM)  font ce rappel utile et  invitent le ministre à reconsidérer la question des maternelles 4 ans. Une bonne fois pour toutes.

 

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