Des riverains de Contrecœur, Varennes et Verchères lancent une action collective contre Ottawa

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Par Daniel Bastin
Des riverains de Contrecœur, Varennes et Verchères lancent une action collective contre Ottawa
« Ça ne peut plus durer! J’ai vu des gens pleurer à cause de cette situation! C’est un cri du cœur que nous lançons face à ce gouvernement qui n’écoute pas! », a déploré la présidente du Comité pour la protection des berges du Saint-Laurent, Micheline Lagarde.
À Verchères, un ouvrage de protection des berges est détruit par l’action des vagues.

À l’image des berges du fleuve Saint-Laurent dans la région, la patience des riverains de Contrecœur, Varennes et Verchères s’effrite et ils ont décidé de déposer une action collective à la Cour supérieure du Québec, non sans avoir mené de nombreuses actions politiques, individuelles et collectives afin de sensibiliser le gouvernement fédéral à l’érosion causé par le transport maritime.
« Ça ne peut plus durer! J’ai vu des gens pleurer à cause de cette situation! C’est un cri du cœur que nous lançons face à ce gouvernement qui n’écoute pas! », a déploré, la gorge nouée, la présidente du Comité pour la protection des berges du Saint-Laurent (CPBSL), Micheline Lagarde, lors de la conférence de presse.
« Les citoyens ne sonnent plus l’alarme: ils appellent à l’aide; des maisons sur le point d’être endommagées, des terrains minés, un stress qui rend les gens malades et menace de les ruiner tant les travaux sont dispendieux. Chaque fois qu’on voit passer des bateaux on s’inquiète, et c’est la colère qui monte chez les riverains car le gouvernement ne fait rien », a-t-elle ajouté.
Selon les informations recueillies à ce jour par l’organisme, environ 50 % des terrains riverains des trois municipalités seraient touchés par l’érosion. Le montant demandé dans le cadre de ce recours pourrait atteindre les 50 millions $ et l’action collective sera menée par Me Olivier Laurendeau, du cabinet Laurendeau Rasic S.E.N.C.
Mme Lagarde a notamment donné l’exemple d’une riveraine âgée de 99 ans, Angélique Beauchemin, qui voit son terrain s’effriter année après année. Sa situation a fait l’objet d’un reportage à l’émission La Facture en janvier dernier, et ce, pour une deuxième fois en dix ans car rien n’a été fait depuis. Des réparations lui coûteraient près de 350 000 $, alors que la valeur de sa demeure à Verchères est évaluée à 500 000 $…
Le fédéral avait entendu…il y a plus de 40 ans!
Cette érosion est essentiellement causée par le transport maritime. À ce sujet, Jannette Frandsen, une chercheuse en ingénierie des côtes au centre Eau, Terre et Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), affirme : « Dans les secteurs les plus larges du fleuve, le batillage (NDLR : l’ensemble des vagues produites par le sillage des bateaux et qui déferlent contre les berges, entraînant une dégradation de celles-ci) n’est responsable que de 2 à 5 % de l’énergie qui gruge les rives, mais dans les chenaux les plus petits – comme ceux que l’on voit entre certaines îles, à la hauteur de Montréal -, cela peut atteindre de 95 à 98 % », comme c’est effectivement le cas à Contrecœur, Varennes et Verchères.
Il est à noter qu’un article du journal La Presse du 5 mai 1977 annonçait qu’Ottawa construira des murs de soutènement à Contrecœur, Varennes et Verchères afin de protéger certaines sections des rives « notamment là où le passage des navires provoque des vagues qui, non seulement minent la berge, mais causent parfois des éboulements qui constituent des pertes pour les riverains ». En 1997 toutefois, le programme fédéral pour financer la protection des rives est aboli.
Les dégâts causés par cette décision ne vont qu’en empirant puisqu’un portrait de la situation publié en 2008 par le Programme de suivi de l’état du Saint-Laurent qualifie l’érosion des berges comme « une préoccupation majeure pour les intervenants qui participent à l’étude de l’écosystème du Saint-Laurent. Entre Montréal et le lac Saint-Pierre, le recul des rives est de 80 centimètres par année en moyenne depuis les années 80, et atteint jusqu’à 3 mètres par an à certains endroits. »
En mai 2019, une pétition signée par 2 300 personnes et parrainée par le député Xavier Barsalou-Duval n’avait pas fait bouger le gouvernement libéral. « On est passé de la négligence au déni! », s’est indigné en conférence de presse le député qui a laissé entendre qu’au lieu de construire un mur pour protéger les berges, le gouvernement fédéral a plutôt dressé un mur pour isoler les riverains lésés.

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