Taux d’inoccupation anémique dans la région: Une quête de logement de plus en plus ardue

par Steve Martin de l'Initiative de journalisme local
Taux d’inoccupation anémique dans la région: Une quête de logement de plus en plus ardue
Des affiches comme on en retrouve de moins en moins dans la MRC.

Alors que le taux d’inoccupation des logements dans la région est à un niveau inquiétant, les individus, couples et familles à la recherche d’un toit se retrouvent devant une situation difficile quand vient le moment de déménager. Un problème récurrent qui préoccupe les organisations qui suivent la situation de près.

Mis à part certains quartiers qui font plutôt figure d’exception, la plupart des municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal font piètre figure depuis quelques années en terme de disponibilité de logements à prix abordable.

Certains ont pu profiter ces dernières semaines du programme gouvernemental d’aide d’urgence aux ménages sans logis et aux municipalités connaissant une pénurie de logements locatifs, mais cette mesure demeure, au mieux, un pansement temporaire sur un problème plus large.

Le programme permet de donner un répit à ceux qui sont à la recherche d’une nouvelle adresse en assumant des frais d’hébergement temporaire, des frais d’entreposage et des frais de déménagement.

Les municipalités admissibles sont celles dont le taux d’inoccupation est égal ou inférieur à 2%.

Rappelons que la MRC de Marguerite-D’Youville fait partie d’un nombre grandissant de régions dans la province aux prises avec un problème lié à la disponibilité des logements.

« Le taux d’équilibre est de 3 %, explique Marco Monzon, directeur général du Comité logement Rive-Sud. Alors à 1,3 %, le taux d’inoccupation dans la région est très bas. À Varennes, on parle même de 0,4 %. À Sainte-Julie ce taux s’élève à 0,9 %, alors nous sommes vraiment devant une situation où il y a un déséquilibre. »

Nouveaux arrivants et personnes âgées

Selon M. Monzon, il faut également tenir compte du fait que plusieurs personnes ont dû trouver, faute d’un logement, un endroit temporaire pour s’installer le temps de poursuivre leur recherche.

« Ils ont pu se tourner vers des familles, des amis alors même s’ils ne sont pas dans la rue, ça ne veut pas dire qu’ils sont en logement. »

Il semble par ailleurs que certains groupes soient plus affectés par la situation actuelle, dont les personnes âgées, les jeunes professionnels en début de carrière et les nouveaux arrivants qui, bien souvent, ne connaissent pas suffisamment leurs droits pour savoir qu’ils ont des recours lorsqu’ils se retrouvent en situation précaire.

« Quand ils arrivent dans la région, ces derniers n’ont pas nécessairement accès tout de suite à la propriété, alors il se tournent vers le logement locatif. Du côté des gens âgés, certains arrivent à un moment de leur vie où ils ne peuvent plus s’occuper d’une maison, alors eux aussi sont à la recherche d’un appartement ou d’un condo. »

Situations toxiques

Le directeur général du Comité logement Rive-Sud ajoute également que le nombre anémique de nouveaux logements sociaux a contribué à l’effet d’entonnoir qui a mené à la fois à une hausse du coût des logements, toutes catégories confondues, ainsi qu’à la progression du taux d’inoccupation.

« Tous les types de logements ont connu une augmentation de prix assez draconienne, admet ce dernier. Et il y a des phénomènes comme celui qu’on appelle la « réno-éviction ». C’est ce qui arrive quand de nouveaux propriétaires achètent un immeuble dont les loyers ne sont pas très élevés. Certains vont entreprendre des rénovations importantes, ce qu’ils ont le droit de faire, mais ils vont présenter ça comme si le départ des locataires était définitif. Ce n’est pas illégal, mais c’est très malhonnête. Dans les faits, le locataire a le droit de revenir une fois les rénovations complétées, mais ce n’est pas la façon dont ça leur est présenté. »

Effet pervers de cette situation, les locataires doivent également, faute d’alternatives, accepter des situations parfois toxiques. À titre d’exemple, M. Monzon évoque le cas de deux sœurs âgées ayant accepté de subir l’intimidation d’un propriétaire agressif à défaut d’avoir pu trouver un autre logement disponible.

« Je leur ai demandé naïvement comment elles pouvaient supporter une relation comme celle-là avec leur propriétaire. Elles m’ont répondu qu’elles n’avaient pas le choix parce qu’elles n’avaient rien trouvé d’autre. Par le passé, si les locataires ne voulaient pas entreprendre des démarches qui allaient prendre des mois avec la Régie du logement, ils pouvaient partir et trouver autre chose. Aujourd’hui, cette option-là n’est plus disponible », conclut-il.

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