Les députés de la région s’expriment : Faire de la politique en temps de pandémie

par Steve Martin de l'Initiative de journalisme local
Les députés de la région s’expriment : Faire de la politique en temps de pandémie
(Photo : courtoisie)

Depuis le début de la période d’isolement, les décisions de nos politiciens sont au cœur de nos conversations. Nous avons discuté avec nos trois élus de la région afin de savoir comment l’arrivée de la COVID-19 a transformé leur routine de travail au quotidien.

 

« La nature des appels a changé »

Xavier Barsalou-Duval, député fédéral de Pierre-Boucher–Les Patriotes–Verchères

 

« Nous avons reçu beaucoup d’appels depuis le début de la pandémie, mais leur nature a changé, explique le député du Bloc Québécois. Les choses évoluent au fil du temps. Durant les premières journées, nous avions surtout des questions, des suggestions et des réactions par rapport à la situation générale. On a pris des notes et ça a inspiré nos actions. Aujourd’hui, nous recevons surtout des questions très concrètes concernant la vie quotidienne et les besoins urgents. »

Afin de répondre aux nombreuses demandes, le politicien a par ailleurs instauré avec les membres de son équipe un système d’alternance afin d’assurer une présence en continuité dans le bureau de circonscription.

« Au début de la crise, ç’a été un chambardement pour toute l’équipe. Il fallait donner des explications aux citoyens sur ce qu’ils venaient d’entendre à la télé alors que nous-mêmes, nous n’avions pas encore tous les détails. Nous avons reçu beaucoup d’appels concernant l’assurance-emploi. Des appels d’entreprises également qui avaient toutes sortes de question sur le fonctionnement des programmes. Il fallait se tenir au fait et ce, à tous les jours. Présentement, c’est moins pire. Nous avons peut-être des annonces une fois semaine, mais au départ, c’était quotidien. »

Quand les vacances tournent au vinaigre

Selon M. Barsalou-Duval, la disponibilité en continu des membres de son équipe a contribué parallèlement à la gestion de certaines situations délicates, dont le rapatriement de citoyens coincés à l’étranger.

« Nous avons dû adapter notre fonctionnement. Il y avait des gens en détresse, alors ce sont des situations qui exigeaient une action immédiate. Ça a demandé beaucoup d’énergie. Ça n’a pas été évident au départ car il n’y avait pas de modèle à suivre pour pouvoir les aider.  Ç’a été compliqué pour ces personnes qui, parfois, ne pouvaient pas sortir de leur chambre d’hôtel. D’autres, à l’inverse et pour toutes sortes de raisons, se faisaient mettre dehors des établissements où ils logeaient. Les circonstances étaient très différentes d’un cas à un autre. »

Selon le député, des citoyens ont même pu recevoir un traitement hostile à certains endroits où leur présence n’était visiblement pas désirée.

« Pourtant, à l’origine, ces gens ont quitté le pays en pensant partir en vacances. Disons que ç’a créé des situations stressantes pour eux et pour leurs proches. »

 

 « Je ne veux pas penser à ce que ça aurait été sans les technologies actuelles »

Suzanne Dansereau, députée provinciale de Verchères

 

« C’est une façon différente de fonctionner, nous dit la députée de la Coalition Avenir Québec. D’une certaine manière, nous sommes encore plus sur le terrain que nous ne l’avons jamais été. Nous sommes constamment en communication avec les organismes, les villes, les commerces, nous nous parlons par vidéoconférence. Nous sommes tous un peu nouveaux dans tout ça. »

Comme plusieurs de ses collègues, Mme Dansereau compte depuis le début de la pandémie sur la petite équipe de son bureau de circonscription afin de répondre à toutes les demandes de ses citoyens inquiets.

« En m’incluant, nous sommes quatre. Une fois le bureau fermé, nous nous sommes réparti les tâches afin de nous assurer que nous n’allions rien échapper. Nous avons transféré les tonnes de courriels et les appels des citoyens afin d’assurer un service en continu. Je ne veux pas penser à ce qu’aurait été la pandémie sans la technologie actuelle. Aujourd’hui, nous pouvons travailler avec Zoom, avec Teams ou simplement Skype. Si cette crise était arrivée 15 ou même 10 ans plus tôt, ça aurait été une plus grande catastrophe. »

Besoins ciblés

Comme ce fut le cas pour ses collègues, la situation critique a également créé une nouvelle proximité avec les citoyens de sa circonscription.

« Je vous dirais que les gens communiquent avec nous quand ils sont touchés personnellement. Et il y a des vagues. Avec le déconfinement par exemple, nous avons beaucoup d’appels d’entrepreneurs mais aussi du milieu des écoles et des garderies. Tout dépend des dernières nouvelles annoncées. Les problèmes que les gens veulent nous adresser sont toujours un peu ciblés. »

Considérée comme le garde-manger du Québec, la région de la Montérégie a également son lot de situation problématiques liées au milieu agricole.

« Par exemple, ce matin, j’ai reçu plusieurs appels d’agriculteurs qui avaient des difficultés avec l’immatriculation de leurs véhicules. La ligne n’est pas disponible à la SAAQ, certains avaient de la difficulté avec le site internet alors il y avait un peu de panique. Je les comprends aussi. »

 

« Ç’a été stimulant et extrêmement demandant »

Stéphane Bergeron, député fédéral de Montarville

 

« Au début de la crise, nous avons dû nous adapter à un mode de fonctionnement inédit, affirme le député du Bloc Québécois. C’était un peu chaotique alors en l’absence d’un guichet unique pour répondre à toutes leurs questions, les gens se sont retournés vers les bureaux de leurs députés et avec raison. Personne n’avait encore opéré dans des conditions pareilles. Au niveau de mon équipe, nous étions séparés les uns des autres, alors nous avons dû développer au fur et à mesure nos modus operandi afin d’être encore plus opérationnels qu’à l’habitude. Ç’a été extrêmement stimulant, mais aussi extrêmement demandant pour le personnel. »

Le représentant du Bloc québécois a tenu à s’assurer que les employés de son bureau étaient disponibles afin de répondre aux questions des citoyens et écouter leurs commentaires, et ce, même durant le congé pascal.

« Il n’y a pas vraiment eu de moment où les membres de mon équipe ont pu reprendre leur souffle, alors la période estivale va être, je l’espère, extrêmement bénéfique. J’espère que les gens pourront laisser sortir un peu de pression. Je crois que nous nous en allons vers ça. À partir du moment où les citoyens ont en main les outils afin de se familiariser avec les mesures mises en place par les différents paliers de gouvernement, je crois que le personnel va pouvoir relâcher un peu. Tout ça en demeurant, bien sûr, au service des gens. »

Esprit de collaboration

L’ex-ministre de la sécurité publique au provincial admet par ailleurs que, dans une situation inédite, il faut savoir faire preuve de flexibilité dans l’exercice de ses fonctions.

« Le partage des compétences constitutionnelle de 1867, ça ne nous vient pas nécessairement en tête en de telles circonstances. Les citoyens trouvent le numéro de leur député et ils appellent sans se demander si leur question concerne quelque chose qui est de compétence fédérale ou provinciale. Ce qu’ils veulent, c’est obtenir des réponses et ils ont bien raison. »

Selon M. Bergeron, cette situation a permis aux citoyens de vivre le système constitutionnel qui est le nôtre et ce, de manière concrète.

« Je dois souligner que la collaboration a été excellent entre les niveaux différents niveaux du gouvernement », admet-ce dernier.

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