Commémoration du 30e de Polytechnique : un devoir de mémoire

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Commémoration du 30e de Polytechnique : un devoir de mémoire
Plus d’une centaine de personnes se sont réunies au Centre socioculturel Alphonse Lepage à Brossard pour la commémoration du 30e de la tuerie de Polytechnique. (Photo : Courtoisie)

Plus d’une centaine de personnes se sont réunies au Centre socioculturel Alphonse Lepage à Brossard pour la commémoration du 30e de la tuerie de Polytechnique. Cette soirée rassembleuse a été organisée par la Table de concertation en matière de violence conjugale et d’agression sexuelle de l’agglomération de Longueuil et de la MRC de Marguerite d’Youville. Le comité organisateur voulait commémorer l’attentat antiféministe où 14 femmes ont perdu la vie le 6 décembre 1989 parce qu’elles étaient des femmes qui étudiaient à l’École Polytechnique. La Mairesse de Brossard, Madame Assaad, était présente pour l’événement.

Polytechnique : un crime antiféministe

La soirée a été animée par une intervenante du Carrefour pour Elle et un intervenant d’Entraide pour Hommes afin de symboliser l’importance de vivre dans une société égalitaire. Dans le mot d’ouverture, les animateurs ont rappelé que le tueur de Polytechnique a commis un crime antiféministe et qu’ils s’en prenaient uniquement aux femmes parce qu’elles étaient des femmes. Le tueur, voulait que son geste soit politique et visait les féministes car il jugeait que ces dernières voulaient prendre les avantages et les privilèges des hommes à leurs dépens.
Pour la table de concertation, les violences faites aux femmes résultent des inégalités persistantes entre les femmes et les hommes. Tant que les inégalités persisteront, les femmes continueront d’être majoritairement victimes de violence. Les statistiques du Ministère de la Sécurité publique sont éloquentes à ce sujet et démontrent que les femmes sont majoritairement victimes des actes criminels les plus graves et les plus lourds de conséquences : homicides, tentatives de meurtre, agressions sexuelles, séquestrations, etc. Près des 80% des plaintes recueillies par les policiers sont faites par des femmes dans un contexte de violence conjugale. Au Canada, à chaque 2,5 jour, une femme sera tuée.
Une minute de silence a été réalisée pour permettre au public d’honorer les 14 victimes de Polytechnique et aussi, toutes les autres femmes qui ont été et qui sont encore victimes de violence.

L’art pour sensibiliser

Plusieurs artistes ont pris part à la soirée et sont venues livrer des performances d’une grande sensibilité afin de dénoncer les violences faites aux femmes. La slammeuse Noémie Dubuc, l’auteure-compositrice-interprète indie-folk Laura Lefebvre et l’artiste multidisciplinaire Ines Talbi ont élevé leurs voix afin de transporter le public dans un moment de profond recueillement et de solidarité. Les chansons « Violence » et « Alcaline » de Laura Lefebvre ainsi que « Mommy » et une « Une sorcière comme les autres » interprétées par Ines Talbi résonneront encore longtemps.
La peintre, Isabelle Langlois, avait également exposé douze toiles ornant des portraits émouvants de femmes. L’artiste s’inspire de son travail d’intervenante en maison d’hébergement pour créer. Une toile a été offerte en tirage pour remercier le public présent.
Témoigner pour nourrir l’espoir
Nathalie Trottier, une ex-victime de violence conjugale, a témoigné de son vécu et a livré un puissant message d’espoir. Pour elle, il est possible de sortir du cycle de la violence et a mentionné que les nombreuses ressources du territoire l’ont bien soutenue et accompagnée tout au long de son processus d’émancipation.
L’événement commémoratif s’est terminé par le chant collectif « Il y a longtemps que l’on sait ». Les paroles ont été composées dans le cadre du 30e par Mélissa Blais, Carole Boulebsol et Francine Descarries, membres du RQEF. Ce chant se veut un barrage à la haine des femmes et des féministes. Collectivement, les organisatrices de la soirée nous rappelle que nous avons un devoir de mémoire. Le chant résonne encore ce couplet : « Contre le son de la haine, je me suis opposée. Pour vivre sans la peur et en sécurité. ».

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