Pour que novembre dure à l’année longue!

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Par Daniel Bastin
Pour que novembre dure à l’année longue!
La 6e édition de la Semaine québécoise en santé et bien-être des hommes a permis de mettre en lumière cet enjeu de société, car près d’un homme sur quatre vit de la détresse psychologique. (Photo : Movember)

Le mois de novembre achève (enfin dirons certains!), mais il serait bon toutefois qu’il se poursuive tout au long de l’année! Cette phrase peut provoquer beaucoup de scepticisme parmi les lecteurs, mais il faut rappeler qu’en novembre, des hommes et des femmes du monde entier s’allient pour sensibiliser le public aux questions de santé masculine et recueillir des dons pour combattre le cancer de la prostate et testiculaire, en plus de soutenir les initiatives en santé mentale masculine. Après tout, il est important d’échanger à propos de ces sujets et, surtout, d’amener les hommes à parler de leurs problèmes, car ils se confient rarement étant donné qu’ils ont appris depuis leur plus jeune âge à ne pas paraître vulnérables. Dans ce cas, la parole est souvent libératrice. À l’année longue!
En novembre, plusieurs hommes se laissent pousser la moustache dans le cadre du mouvement Movember (une contraction des mots novembre et moustache) afin de rappeler l’importance des questions de santé masculine et de recueillir des dons pour cette cause. Les représentants les plus visibles du Movember au Québec sont souvent les joueurs des Canadiens de Montréal, qui arborent des moustaches qui ne passent pas inaperçues.
Du côté francophone, on parle plutôt de la campagne Nœudvembre, alors que le nœud papillon est devenu l’emblème de la lutte au cancer de la prostate au Québec. L’argent amassé sert directement aux programmes de soutien et d’information et à la recherche. Au fil des cinq dernières années, plus d’une cinquantaine de personnalités publiques québécoises telles que Dany Turcotte, Pénélope McQuade, Maripier Morin, Julie Bélanger, Denis Coderre, Régis Labeaume et Joey Saputo se sont joints à la campagne à titre d’ambassadeur de Nœudvembre.
« Tu es sûr que ça va..? »
Il faut savoir à ce sujet que les hommes québécois sont réticents à demander de l’aide psychosociale. Plus de 7 fois sur 10, ce sont les idées suicidaires ou l’impact de leurs problèmes sur leurs enfants qui les forceraient à demander de l’aide. La 6e édition de la Semaine québécoise en santé et bien-être des hommes qui se tenait récemment a permis de mettre en lumière cet enjeu de société, car près d’un homme sur quatre vit de la détresse psychologique.
Un sondage en ligne de SOM réalisé en octobre 2018 auprès de 2 000 hommes québécois a permis de constater que 22 % d’entre eux seraient en situation de détresse psychologique probable, selon l’échelle en six points qui mesure la fréquence perçue de certains états mentaux ou physiques, comme se sentir nerveux, fatigué au point où tout est un effort, déprimé, agité ou incapable de tenir en place, bon à rien ou désespéré.
Les hommes sont peu portés à consulter, surtout en matière psychosociale. Si près des trois quarts disent avoir consulté un médecin de famille ou un spécialiste au cours de la dernière année, seulement 10 % rapportent avoir consulté un intervenant psychosocial. Même chez ceux qui sont identifiés comme présentant de la détresse psychologique, 29 % disent ne pas avoir consulté d’intervenant psychosocial.
Les situations pour lesquelles les hommes sont les plus susceptibles de consulter sont celles où ils constatent que leur problème a un impact sur leur enfant, ou encore s’ils pensaient au suicide. Les hommes estiment à 80 % la probabilité qu’ils consultent si leurs problèmes avaient un impact sur leurs enfants et à 75 % la probabilité qu’ils consultent s’ils pensaient au suicide.
Les autres situations, comme une conjointe ou un conjoint qui menace de le laisser (52 %), une séparation conjugale (50 %), se sentir déprimé (49 %), la perte de la libido (48 %) ou la perte d’un emploi (38 %) ont un impact beaucoup moins grand sur la probabilité de consulter.
Pour les hommes, le facteur le plus important pour les amener à consulter (48 %), c’est de sentir que l’intervenant pourra réellement les aider à régler leur problème. Qu’au-delà de l’écoute, ils recevront des outils concrets et des conseils donnés par des intervenants crédibles.
Au-delà des statistiques, on réalise que le premier pas à franchir, c’est d’en parler avec quelqu’un. Et cette personne, ça peut être nous. Ça peut être aussi simple que de répondre : « Tu es sûr que ça va..? Tu n’as pas l’air dans ton assiette… Dis-moi, tu es préoccupé..? » Et ces simples mots pourraient amener votre ami à enfin s’ouvrir et à libérer son cœur. Et on ne peut pas poser ces questions importantes juste au mois de novembre…

AIDE COMPLÉMENTAIRE ET CONTACTS
Santé mentale
Canada Santé mentale Canada est un répertoire national exhaustif des psychiatres, des psychologues, des psychanalystes, des conseillers et des psychothérapeutes. Le répertoire peut être interrogé par désignation professionnelle, sexe et lieu.
Jeunesse, J’écoute
Jeunesse, J’écoute est un service de soutien à l’échelle du pays qui est accessible 24/7. C’est un service d’intervention professionnelle, d’information, de ressources et un service de soutien bénévole par texto aux jeunes, en français et en anglais.

Qu’est-ce que le DEES?
DEMANDEZ
Commencez par mentionner que vous avez remarqué que quelque chose était différent. Peut-être passe-t-il plus de temps au bar, qu’il arrive tard au travail ou qu’il manque des événements sociaux? “ Tu ne sembles pas tout à fait toi-même ces temps-ci. Est-ce que ça va? ” Faites confiance à votre instinct. N’oubliez pas que nous disons souvent « Je vais bien » quand nous ne le sommes pas. Donc, si vous pensez que quelque chose ne va pas, n’ayez pas peur de demander deux fois.
ÉCOUTEZ
Essayez de lui accorder toute votre attention, sans l’interrompre. Ne croyez pas que vous devez diagnostiquer ses problèmes, lui proposer des solutions ou lui donner des conseils. Dites-lui simplement que vous l’écoutez, sans jugement. Poser des questions complémentaires, elles l’aideront à savoir que vous l’écoutez: “ Cela ne doit pas être facile. Depuis combien de temps te sens-tu comme ça? ”.
ENCOURAGER L’ACTION
Aidez-le à se concentrer sur des choses simples susceptibles d’améliorer son bien-être: dort-il suffisamment, fait-il de l’exercice régulièrement et mange-t-il correctement? Peut-être que quelque chose l’avait aidé auparavant? Suggérez-lui de confier ce qu’il ressent à d’autres personnes en qui il a confiance. Cela facilitera les choses – pour vous deux. Et s’il se sent mal depuis plus de deux semaines, suggérez-lui de voir son médecin.
SURVEILLEZ-LE DE PRÈS
Suggérez de vous donner des nouvelles bientôt – en personne si vous le pouvez. Si vous ne pouvez pas organiser de rendez-vous, prenez le temps de lui téléphoner ou envoyez-lui un message. Cela démontrera que vous vous souciez de lui. De plus, cela vous aidera à savoir s’il va mieux. Si vous craignez que la vie de quelqu’un ne soit en danger immédiat, adressez-vous directement aux services d’urgence.

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