Guimauve, la touchante histoire d’un chien abandonné

Geneviève Desrochers, présidente du conseil d’administration des Services animaliers de la Rive-Sud
Guimauve, la touchante histoire d’un chien abandonné

Voici dans quelles circonstances spéciales, par quel coup du destin, notre beau gros chien Guimauve est entré dans nos coeurs, dans notre maison, dans notre vie.

Premièrement, étant les heureux parents de trois adorables lapins qui vivent en liberté dans notre dinette, il était hors de question de faire rentrer un prédateur dans notre maison, qu’il soit chat ou qu’il soit chien.

Mais entretemps, il y a eu l’événement « Berger Blanc » du 21 avril 2011 et autres, où des Villes de la Rive-Sud de Montréal ont révisé leurs exigences face aux services de fourrières animales. Mais leurs appels d’offre restaient sans réponse, et le temps passait. Je suivais avec grand intérêt tout ce qui se débattait dans les journaux, tout en constatant avec la plus grande des inquiétudes que si rien de concret ne se produisait, les chiens et les chats perdus, errants ou abandonnés de ma région seraient sans abri, sans nourriture et sans soin à compter du 1er janvier 2012. C’était inacceptable ! Il fallait que quelqu’un, quelque part, fasse quelque chose. Je me suis dit: « Pourquoi pas moi ? »

C’est alors que j’ai étudié la question à fond, en rencontrant et en m’informant auprès de gens du milieu animalier et de gens d’affaires, ainsi qu’auprès d’autres SPA du Québec. Mon conjoint, un homme d’affaire de Longueuil ayant démarré plusieurs entreprises, ainsi que des amis à nous dont un notaire et un comptable, sont embarqués à pied joints dans l’aventure. En septembre 2011, un projet d’organisme à but non lucratif était sur la table.

En octobre, les Villes de Boucherville, Longueuil et Saint-Bruno-de-Montarville, qui avaient décidé d’entreprendre un grand virage dans le domaine des services animaliers, ont décidé d’appuyer notre beau projet. En novembre, nous déposions une offre d’achat sur un vieil entrepôt désaffecté de Boucherville, un bâtiment de 22,000 pieds carrés avec beaucoup de potentiel.En décembre, l’OBNL « Services Animaliers de la Rive-Sud » devenait une vraie corporation.

Le 1er janvier 2012, nous étions (très modestement) opérationnels.Puis, le 10 février, est arrivé à notre refuge temporaire un vieux chien errant. Il était en assez mauvais état: d’après la gravité de ses otites, l’état de sa dentition et la mauvaise allure de son pelage, il avait erré longtemps. Les animaliers l’ont baptisé Cupidon car on était à quelques jours de la St-Valentin. Quand je l’ai aperçu derrière son grillage, un si gros chien dans son petit enclos, je suis tout de suite tombée en amour avec son regard. On aurait dit qu’un ange se cachait derrière ses beaux grands yeux bruns. Au lieu de japper debout contre la grille comme le font normalement les chiens, lui, quand il m’a vue, il s’est assis tout collé contre le grillage et m’a quêté des câlins. J’ai eu de la misère à quitter son beau regard d’ange, mais je devais partir. Aussitôt partie, Cupidon a passé la patte entre les barreaux pour ouvrir son locket et s’éclipser. Et qui voilà, debout derrière la fenêtre à me regarder ? Ce beau Cupidon qui m’implorait, on aurait dit, de l’adopter ! J’étais conquise.

Le 17 février est arrivé, et personne n’est venu réclamer Cupidon. Il tombait désormais sous la garde de notre refuge, disponible pour adoption.
Entretemps, tout le personnel du refuge s’était mis de connivence avec moi pour convaincre mon conjoint que ce chien devait joindre notre famille d’un ado et de trois lapins. Ils l’ont testé envers les chats, les jeunes enfants et d’autres petits pensionnaires de notre refuge. Ça a été convaincant: Cupidon était un ange ! Un jour, lorsque mon conjoint est arrivé dans le stationnement pendant que Cupidon jouait dehors, le voilà qui s’est dirigé droit sur lui et l’a collé si fort que mon conjoint en a été tout-à-fait conquis. Il l’a rebaptisé Guimauve !
Il est le premier chien de ma vie, et je l’aime profondément. Dès son arrivée à la maison, il a découvert ses nouveaux frères et soeur (nos lapins) qui se déplacent en faisant des bonds ! Il était si drôle à voir, à les découvrir avec ses oreilles par en avant ! Maintenant qu’il les a apprivoisés, il reste couché et les laisse faire quand ils approchent son os ou ses jouets. C’est un petit chien de poche dans un très gros corps (131 lbs!), qui quête sans cesse des câlins et qui nous suit partout. De nombreuses fois par jour, on le retrouve à l’envers à gigoter des pattes pour s’attirer encore plus de câlins.

Il est en santé maintenant, et stérilisé et micropucé, et on espère de tout coeur avoir la chance de l’avoir longtemps avec nous.
Le Cupidon du refuge, un vieux chien errant âgé, gros et noir, celui auquel les statistiques donnent le moins de chances, a tiré sa flèche et est devenu le Guimauve adoré de nos coeurs et de notre vie. Et toujours dans son regard, je vois cet ange qui est si heureux de nous avoir trouvés !

« Donnez, et vous recevrez ». Eh bien, après avoir donné toute cette énergie et ces centaines d’heures à la cause des animaux de compagnie errants, perdus et abandonnés, nous voilà qui avons reçu en Guimauve le plus merveilleux des cadeaux.
Merci la vie !

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