La parole est un outil des plus efficaces pour prévenir le suicide

La 29e Semaine de prévention du suicide se déroulait le mois passé, mais la problématique est toujours d’actualité. Les responsables de cette activité nationale de prévention étaient particulièrement encouragés de constater que les plus récentes données analysées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) indiquent que le nombre de suicides continue à diminuer au Québec.
Selon cette compilation, il y a eu 104 suicides de moins en 2016 comparativement à l’année précédente, pour un total de 1 046 décès. Cette baisse notable indique que les efforts déployés pour prévenir le suicide semblent avoir portés leurs fruits, notamment chez les hommes où l’on constate trois fois plus de suicides que chez les femmes, mais il faut continuer à parler de cette problématique qui touche toutes les sphères de la société.
« 104 suicides de moins, cela signifie qu’il y a 104 personnes de plus qui sont toujours avec nous. Cette baisse des taux doit nous encourager à redoubler d’efforts en matière de prévention », a lancé Jérôme Gaudreault, directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS). Nous profitons de l’occasion pour tendre la main à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, afin de collaborer à l’élaboration d’une stratégie nationale de prévention du suicide ambitieuse. Le problème affecte encore trop de familles, de couples, de milieux de vie ».
Éprouvé par le suicide de son frère, l’animateur et ancien joueur de hockey, Dave Morissette, a de nouveau accepté de se faire l’ambassadeur de la Semaine, aux côtés de trois autres ambassadeurs : les humoristes Colin Boudrias et Alexandre Forest, ainsi que Janie Houle, professeure titulaire au département de psychologie de l’UQAM et chercheure.
« Mon frère s’est enlevé la vie il y a 22 ans », a confié Dave Morissette en soulignant l’importance d’en parler. « J’aurais aimé qu’il me dise qu’il souffrait, qu’il avait mal en dedans, qu’il ne reste pas seul avec son mal-être. Ensemble, nous aurions pu trouver des solutions, passer au travers. Nous aurions dû pouvoir en parler. »
Ouvrir le dialogue
Les plus récentes données analysées par l’INSPQ démontrent aussi qu’il existe un lien entre le suicide et l’état de santé ainsi que les inégalités sociales et matérielles. On constate notamment que les personnes vivant dans des milieux matériellement et socialement défavorisés sont beaucoup plus susceptibles de s’enlever la vie que celles vivant dans des milieux plus aisés, un phénomène qui s’observe tant chez les hommes que chez les femmes.
« Pour diminuer de manière encore plus importante les taux de suicide, nous devons renforcer les mesures destinées à l’ensemble de la population : services de psychothérapie accessibles, ligne 1 866-APPELLE spécialisée en prévention du suicide, intervention en ligne, etc. Mais ce qui manque cruellement à l’heure actuelle, ce sont des mesures ciblées pour les populations les plus vulnérables », a fait valoir Janie Houle, professeure, chercheure et ambassadrice de la Semaine de prévention du suicide 2019. « N’attendons pas que les personnes en détresse et davantage défavorisées viennent vers les ressources d’aide. Allons à leur devant, développons des ressources qui vont vers ces populations ».
La parole est donc un outil efficace pour prévenir le suicide et c’est pour cette raison que, dans le cadre de sa campagne Parler du suicide sauve des vies, l’AQPS invite la population à ouvrir le dialogue à ce sujet. Dans ce but, l’organisme a mis en ligne le site commentparlerdusuicide.com, qui également offert en version anglaise. Par le biais de vidéos, les autres ambassadeurs de la Semaine, dont l’animateur Dave Morissette et les humoristes Colin Boudrias et Alexandre Forest, valorisent la demande d’aide et l’importance de la parole pour la prévention du suicide.