Jacques Chagnon, une carrière politique exceptionnelle de 33 ans

François Laramée
Jacques Chagnon, une carrière politique exceptionnelle de 33 ans
Jacques Chagnon a été président de l’Assemblée nationale de 2011 à 2018. (Photo : Heidi Hollinger)

Deuxième président de l’Assemblée nationale du Québec ayant exercé le plus long mandat
Lorsque le député de la CAQ François Paradis est monté, le 27 novembre dernier, sur le siège du président de l’Assemblée nationale du Québec, il marquait aussi la fin d’un règne de presque huit ans; celui du président Jacques Chagnon, député de la circonscription de Westmount‒Saint-Louis depuis 33 ans et Bouchervillois depuis toujours.
M. Chagnon a été élu pour la première fois en 1985, puis réélu sans interruption à neuf reprises. Il a occupé les postes stratégiques de ministre de l’Éducation du Québec et de ministre de la Sécurité publique. Cependant, sa carrière politique fut surtout marquée par les huit dernières années alors qu’il était président de l’Assemblée nationale.
« Lorsque je suis arrivé en poste, il y avait une atmosphère de combat et un manque de respect de l’Institution. Je crois avoir contribué à élever les débats et à assainir le climat en réunissant les principaux leaders des différents partis. J’ai fait en sorte que les gens se parlent, se connaissent mieux et se respectent plus. La qualité des débats s’est rapidement élevée et l’Assemblée a pu retrouver un nécessaire décorum. Au cours de mes années à la présidence, j’ai également investi beaucoup de temps et d’énergie pour construire un véritable réseau international pour le Québec. Je préside, depuis deux ans, l’Association des parlementaires de la Francophonie de toute la planète. J’ai fait plusieurs missions pour tisser des liens partout. Nous sommes, aujourd’hui, mieux positionnés et mieux compris sur l’échiquier politique mondial. Le Québec est un acteur d’influence reconnu, et nous avons nos entrées partout. Je pense que cette percée et ce positionnement pourront bien servir le Québec et les membres de son parlement au cours des prochaines années.
L’an prochain, l’Assemblée nationale pourra inaugurer un nouveau pavillon d’accueil et de nouvelles salles. Des travaux de plus de 62 millions de dollars qui auront été réalisés sans demande supplémentaire de crédit, et sans emprunt, grâce aux économies dans le budget d’opération. En ce sens, j’aurai contribué à moderniser non seulement l’Institution, mais le lieu également, car ce sont les travaux les plus importants depuis la construction du parlement en 1884.
Oui je suis fier du travail accompli comme président de l’Assemblée nationale. J’ai aimé servir à ce niveau, ce qui ne m’a pas empêché de jouer le rôle premier, celui qui m’a permis d’occuper tous ces postes, soit le rôle de député. Encore là, le mot « servir » m’a guidé durant 33 ans, et j’ai toujours tenté d’améliorer la qualité de vie des citoyens de ma circonscription du centre-ville. Il faut parfois être patient pour faire construire deux nouveaux hôpitaux universitaires, le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et le Centre universitaire de santé McGill (CUSUM); et améliorer l’offre des universités au centre-ville en contribuant à faire construire de nouveaux pavillons. De plus, en 2019, deux nouvelles écoles primaires verront le jour au centre-ville. J’ai piloté ce dossier depuis plus de 10 ans, mais nous y voilà. Idem pour un hôpital pour la communauté chinoise. Nous y sommes parvenus ensemble, pour une meilleure qualité de vie.
Enfin, j’ai aussi tenté de faire bénéficier Boucherville de ma présence à l’Assemblée nationale. À maintes reprises, je suis intervenu auprès de plusieurs collègues pour faire avancer des dossiers qui tenaient à cœur aux Bouchervillois et à leurs dirigeants. Encore l’an dernier, j’ai donné un coup de pouce à l’organisation des Fêtes du 350e en « prêtant » la statue de Pierre Boucher qui se trouve dans l’une des alcôves de l’Assemblée nationale, pour que Boucherville en ait une réplique identique. Au cours de toutes ces années, je n’ai jamais oublié mes racines qui, encore aujourd’hui, sont ici à Boucherville.
Je quitte la vie politique active avec le sentiment du devoir accompli, ce n’est pas un cliché. De retour à la vie «normale», je me suis acheté un nouveau téléphone et une voiture. J’aurai plus du temps pour aller voir des expositions, pour aller pêcher, pour chasser et jouer au golf, et pour avoir un regard un peu plus détaché de la vie politique que celle qui m’a animé au cours des trois et même quatre dernières décennies.»

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