Le safran se cultive aussi dans la région

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Par Diane Lapointe
Le safran se cultive aussi dans la région

Ingénieur et professeur à l’université, la carrière de Stéphane Talbot a pris une tout autre tournure en 2011 lorsqu’il a décidé de devenir safranier. Il cultive maintenant le safran sur une terre située au pied du mont Saint-Hilaire. Ses récoltes vaudront peut-être de l’or d’ici quelques années.
Le Julievillois raconte qu’avec sa conjointe, ils ont acheté en 2011 une terre de 26 hectares, dont une dizaine est déboisée pour la culture, sur le rang des Vingt à Saint-Basile-le-Grand. « Nous désirions cultiver quelque chose qui n’allait pas trop demander d’investissement et qui allait avoir un potentiel de rentabilité intéressant. Nous voulions nous démarquer par rapport à la culture du maïs et du soya qui est dominante dans la région.»
En 2012, le couple se rend dans la région du Limousin, en France, pour effectuer un stage sur la culture du crocus sativus, une fleur qui procure le safran, cette épice surnommée « or rouge ». De retour au Québec, M. Talbot doit obtenir un permis d’importation pour acheter des bulbes. La première commande reçue est composée de 10 000 bulbes qu’il plante au cours du mois d’août. Ceux-ci lui procurent 3 548 fleurs qui lui donnent 20 grammes de safran. À 40 $ le gramme, il fait 800 $… seulement.
Un long travail manuel et minutieux
« Les bulbes plantés durant l’été fleurissent en automne. Le feuillage apparaît ensuite, et continue à se développer durant l’hiver, sous la neige. Vers la fin du printemps, devenu jaune, c’est le temps de désherber. La période de dormance suit durant l’été », explique M. Talbot qui était récemment conférencier à la Société d’horticulture et d’écologie de Boucherville (SOCHEB).
La période de la récolte des fleurs commence vers la mi-octobre et s’étire durant environ six semaines. Chaque jour, le producteur doit se rendre sur la terre pour cueillir les fleurs. Souvent aidé de ses trois fils et de sa conjointe, il forme Le Clan, le nom de l’entreprise.
Des fleurs qu’il rapporte à la maison, il retire les pistils. Il coupe les trois stigmates de couleur rouge vif, et les fait sécher dans un petit four, à 45 degrés Celsius durant 25 minutes. « On tire des stigmates rouges un safran de grande qualité, supérieure à celui que l’on retrouve sur les tablettes de l’épicerie », précise-t-il.
Théoriquement, 200 fleurs ne donnent qu’un gramme de safran, ce qui en fait l’épice la plus dispendieuse au monde. La récolte du safranier est passée de 5 g de safran la première année à 15 la suivante, à 30, à 45 et à 160 g l’année dernière, avec 32 754 fleurs, ce qui n’est pas suffisant encore pour rentabiliser l’aventure. Pour augmenter les revenus, il transforme l’épice en sous-produits : pacanes à l’érable safranées, confiture de poire au safran, et gelée de thé vert au safran.
Afin de diversifier et rentabiliser son activité, le producteur se tourne en 2014 vers la culture des sureaux. Les petits fruits que fournissent les 5 000 arbustes sont vendus à une entreprise qui les transforme en produits homéopathiques.
Il plante également cette année-là 500 noisetiers dont les racines ont été inoculées pour produire des truffes noires. Il faudra attendre encore quelques années avant d’obtenir des noisettes et des champignons. Mais l’avenir est prometteur, car M. Talbot serait l’un des seuls au Québec à cultiver la truffe, nommée « or noire », alors que pour le safran, selon le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation du Québec, il y aurait actuellement sur le territoire de la province plus de 25 safranerais.
On peut se procurer le safran à la boutique en ligne à leclan.ca et à quelques points de vente dans la région.

-Le safran a plusieurs vertus; anti-inflammatoire, antioxydant, et dynamisant
– 200 fleurs produisent 1 g de safran
– Environ 40 $ le gramme

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