Vingt ans à aider les victimes d’agressions sexuelles

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Par Diane Lapointe
Vingt ans à aider les victimes d’agressions sexuelles
Martine Hébert, Ph.D. dirige un laboratoire de recherche qui porte sur l'agression sexuelle des enfants et la violence dans les relations amoureuses des jeunes. Il compte cinq membres du personnel de recherche, un stagiaire postdoctoral, neuf étudiantes au doctorat et douze étudiants à la maîtrise.

Martine Hébert
La Bouchervilloise Martine Hébert consacre sa carrière à aider les enfants victimes d’agressions sexuelles. Elle vient d’être nommée membre de la Société royale du Canada. C’est une reconnaissance de plus de 20 années de recherches.
Professeure au Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les traumas interpersonnels et la résilience, Mme Hébert s’intéresse à cette thématique depuis son doctorat. Ses travaux visent, dans un premier temps, à comprendre comment on peut réduire les symptômes et les conséquences des agressions chez les enfants.
Les victimes qui sont accueillies au centre d’expertise Marie-Vincent sont évaluées avant que commence une thérapie, et à la fin de celle-ci. « On essaie de déterminer quels sont les facteurs qui favorisent le rétablissement, par exemple le soutien des parents non agresseurs. On a constaté que la thérapie aide à réduire les symptômes et les conséquences de l’agression; il y a moins de détresse, une amélioration de l’estime de soi, et une diminution du sentiment de culpabilité que certaines victimes peuvent éprouver. La thérapie les aide à reprendre un développement normal après l’agression», explique la spécialiste qui insiste sur l’importance d’offrir des services dès le dévoilement de l’événement. Elle a d’ailleurs contribué à l’implantation de programmes de prévention et de services favorisant la résilience chez les victimes de traumas.
La violence dans les relations amoureuses des jeunes
La seconde partie des travaux de Mme Hébert consistent à mieux comprendre la réalité des adolescents victimes de violence sexuelle. « Dans une étude que nous avons menée auprès de 8000 adolescents du Québec, nous avons voulu savoir s’il y avait de la violence dans les relations amoureuses, et qui étaient les jeunes à risques d’en vivre. Nous avons constaté que ceux qui avaient vécu une agression sexuelle durant leur enfance avaient plus de risque de vivre de la violence dans leurs relations amoureuses.»
Mme Hébert soutient que si l’on veut qu’il y ait moins de violence dans les relations amoureuses des jeunes, il faut mettre en place des programmes de prévention et d’éducation sexuelle dans les écoles. Il faut également qu’il y ait des services pour les enfants victimes, comme la thérapie, « pour qu’ils réussissent à éviter d’être revictimisés à l’adolescence.»
Selon de nombreuses enquêtes, de 20 à 25 % des femmes, et de 7 à 10 % des hommes ont subi une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans, d’où l’importance d’en parler, et d’offrir des services rapides aux victimes, assure Mme Hébert. « Nous savons quelles sont les interventions qui peuvent aider les enfants. Le défi est de s’assurer que l’on ait suffisamment de personnel et de financement pour ne pas qu’ils soient placés sur une liste d’attente», conclut Mme Hébert.

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