Les mesures de soutien aux médias écrits annoncées dans le budget 2017-2018 constituent un pas dans la bonne direction, mais elles seront nettement insuffisantes pour assurer la transformation numérique de la presse d’information écrite.
Selon la Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec, les mesures de soutien pour la presse écrite annoncées dans le budget, totalisant 36 millions de dollars sur cinq ans, constituent un précédent significatif. D’une part, le gouvernement reconnaît l’importance d’une information diversifiée et de qualité pour l’ensemble des citoyens du Québec. D’autre part, il prend acte des difficultés économiques sérieuses rencontrées par les médias écrits, touchés par une fragmentation de plus en plus importante du marché publicitaire à l’ère de l’information numérique.
Le Plan économique du Québec prévoit sur cinq ans :
– 24 millions de dollars pour la transformation numérique de la presse d’information écrite. Deux programmes seront créés, l’un pour les médias communautaires et d’économie sociale, l’autre pour les médias imprimés et numériques publiés périodiquement;
– 12 millions de dollars de soutien à RecycleMédias pour la collecte sélective.
La Coalition, qui regroupe 178 journaux, juge que ces sommes seront insuffisantes pour accompagner les médias écrits dans leur virage numérique. En effet, l’ensemble des médias (communautaires, imprimés et numériques) se partageront annuellement entre quatre et cinq millions de dollars. Ces sommes n’auront pas l’effet d’électrochoc que les membres de la Coalition espéraient.
L’aide à RecycleMédias pour les coûts de la collecte sélective viendra atténuer bien modestement le fardeau des médias imprimés. Les journaux sont obligés de participer au financement des coûts nets des services de collecte sélective des municipalités. À titre indicatif, la facture pour 2017-2018 est évaluée à 5 cinq millions en argent (une somme à laquelle il faut ajouter 4 millions en compensation publicitaire obligatoire). Depuis 2006, la facture a augmenté de 1075 % pour l’ensemble des médias imprimés, et elle continuera à augmenter au cours des prochaines années. Les mesures de soutien annoncées dans le budget seront loin de compenser pour l’augmentation constante des coûts de la collecte sélective.
«Ce budget marque un tournant dans l’histoire des relations entre les médias écrits et le gouvernement. Nous avons pu établir un principe important. Il y a une place pour des mesures de soutien aux médias écrits, bien circonscrites, sans compromettre leur indépendance et leur distance face à l’État. Maintenant, il faut construire sur cette base et bonifier les programmes d’aide», a dit Brian Myles, directeur du Devoir.
«L’industrie a définitivement besoin de plus de support de nos gouvernements pour traverser cette période de grande transformation. Les changements fondamentaux que vivent plus de 178 journaux au Québec nécessitent une aide plus importante si on veut soutenir ceux qui collectent et traitent l’information», a déclaré Claude Gagnon, p.-d.g. de Groupe Capitales Médias et président-éditeur du Soleil.
La Coalition réitère l’importance que le gouvernement adopte une politique éthique en matière de placement publicitaire. Les publicités des organismes publics, agences et ministères doivent être placés en priorité dans les médias du Québec. L’État québécois a un examen de conscience à faire sur les pratiques qui consistent à placer des sommes toujours plus importantes dans les conglomérats étrangers, tels que Google et Facebook, alors que les médias québécois continuent de développer des plateformes numériques de qualité pour rejoindre les Québécois.
À propos de la Coalition
La Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec est formée du journal Le Devoir, du Groupe Capitales Médias, d’Hebdos Québec, de la Quebec Community Newspapers Association (QCNA) et de TC Transcontinental. Elle regroupe 178 journaux qui informent chaque semaine 6,5 millions de Québécois, soit plus de 80 % de la population. Son mandat est double : sensibiliser le public à l’importance de maintenir la presse d’information d’ici en santé et obtenir une intervention temporaire de l’État pour l’aider à poursuivre le virage numérique imposé par la multiplication des plateformes.