La restauration du maître-autel de l’église Sainte-Famille est terminée

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Par Daniel Hart
La restauration du maître-autel de l’église Sainte-Famille est terminée

Après quatre ans de travaux

Une autre étape importante vient d’être franchie dans les travaux de réfection du mobilier à l’église Sainte-Famille de Boucherville avec la restauration du maître-autel qui a retrouvé sa dorure d’origine.

Il aura fallu quatre ans aux experts du Centre de conservation du Québec pour réaliser ce gigantesque travail de moine! En examinant de près la partie supérieure – le tabernacle (datant de 1744)  et la section inférieure – le tombeau (datant de 1802), le résultat est spectaculaire.

Mercredi dernier, trois spécialistes du CCQ étaient à l’église afin d’installer les dernières sections restaurées de cette œuvre d’art. Ils ont partagé leur savoir-faire et confié quelques anecdotes au sujet du travail qu’ils effectuent dans leur domaine. Avant la restauration, le tabernacle était recouvert de bronzine et le tombeau d’autel avait été peint en blanc. Un premier rapport indique que le CCQ proposait un retour à la dorure originale pour le tabernacle et à un dégagement de la plus récente marbrure pour le tombeau. Des tests exploratoires avaient été effectués afin de vérifier s’il était possible de retrouver l’esthétique originale du tabernacle.

Dégager la dorure sur un tabernacle servant au culte a été une première au Québec. En raison de l’état de conservation du fini d’origine, la restauration aura permis d’apprécier à sa juste valeur la qualité de travail du sculpteur Gilles Bolvin et l’ampleur de sa réalisation. L’équipe du CCQ a mené son projet à terme en démontant le tabernacle par sections. Celles-ci ont été transportées à son atelier de Québec où les travaux ont été effectués. Durant ce temps, des caissons et des photos montées sur des panneaux de mousse rigide étaient installés sur le maître-autel. « Ce fut un projet costaud dont nous sommes très fiers des résultats », résume l’un des restaurateurs, Claude Payer.

Ce type de travail exige beaucoup de minutie. Les restaurateurs utilisent des solvants spécialisés et des outils comme un scalpel pour enlever la peinture, les souillures, en conservant le souci de ne pas affecter la feuille d’or d’origine qui n’a pas plus que quatre millimètres d’épaisseur. La technique requiert beaucoup de vigilance en raison de la minceur de la feuille d’or. Les spécialistes mettent leur expertise à profit. En plus d’avoir terminé des études à la maîtrise dans cette spécialité à l’Université Queen’s, ils ont cumulé des années d’expérience dans leur domaine. Certains ont même fait des stages en Europe.

Petite parenthèse : à l’époque où a été construit ce type de maître-autel, les hommes sculptaient le bois de ces œuvres tandis que les femmes avaient la responsabilité de la finition des dorures. Au Québec, les religieuses de certaines communautés se voyaient confier cette spécialité. Elles prenaient le temps nécessaire pour mener à bien ce travail complexe. Faut-il préciser que la dorure était ce qu’il y avait de plus visible dans ce type de mobilier.

L’équipe du Centre de conservation du Québec prépare actuellement un livre dont le sujet portera sur la sculpture religieuse, notamment les tabernacles qui ont été fabriqués aux 17e et 18e siècles. Une place d’honneur sera réservée dans cette monographie au maître-autel de l’église Sainte-Famille de Boucherville.

Cette restauration aura nécessité un investissement majeur. Son coût s’est élevé à environ 300 000 $. Le Conseil du patrimoine religieux du Québec a subventionné le projet à la hauteur de 70 % tandis que la communauté bouchervilloise en a assumé 30 % des coûts. « La paroisse Sainte-Famille tient à remercier tous ceux qui ont contribué au financement de cette réalisation », soutient Jacques Castonguay, délégué de la fabrique de la paroisse Sainte-Famille au patrimoine.

Il reste encore quelques projets de réfection à exécuter à l’église Sainte-Famille. De la mi-septembre à la mi-octobre, le parvis de l’église sera refait après cinq ans d’attente. Aucune subvention cette fois. Par la suite, l’éclairage sera revu et remplacé afin de satisfaire aux demandes des différents types d’événements qui se tiennent à l’église, notamment la présentation de concerts. La conservation du patrimoine religieux requiert des investissements majeurs.

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