Au revoir émouvant à Monseigneur Poisson

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Par Daniel Bastin
Au revoir émouvant à Monseigneur Poisson
Léopold Hamel

Monseigneur Raymond Poisson avait réussi, à sa grande surprise, à contenir ses émotions lors de la dernière messe solennelle qu’il présidait dimanche dernier dans la basilique Sainte-Anne de Varennes presque remplie pour l’occasion. Toutefois, ce n’était pas le cas pour tous les paroissiens présents puisque plusieurs d’entre eux essuyaient une larme avec un mouchoir ou les laissaient couler silencieusement au bord des yeux, avec malgré tout un petit sourire aux lèvres.

Depuis lundi, Raymond Poisson est à Saint-Jérôme puisque le pape Benoît XVI l’a nommé évêque auxiliaire de ce diocèse, il y a près d’un mois.

Le 27 mai dernier, il a donc dit au revoir aux gens de ses cinq paroisses lors d’une cérémonie empreinte d’émotions, mais non d’humour, à l’image de l’homme qui a fait sa marque au cours des cinq dernières années. Ainsi, en ce dimanche de la Pentecôte, il avait revêtu sa chasuble rouge et, faisant référence au mouvement de protestation des étudiants, il a lancé: « C’est moi qui porte le plus grand carré rouge! », sous les rires de l’assemblée.

Mais les émotions sont revenues rapidement, notamment lorsque le président de Fabrique Sainte-Trinité de Contrecoeur, Raymond Godin, lui a rendu un petit hommage : « Vous avez toute notre reconnaissance, même si elle est teintée de tristesse (…) Notre paroisse accuse une perte énorme et il nous faudra l’aide de sainte Marguerite d’Youville pour la surmonter ».

                Bain de foule!

C’est une fois la cérémonie terminée que toute l’affection des paroissiens envers leur ancien curé s’est fait sentir puisque les embrassades succédaient aux accolades, aux sourires et aux photos à ses côtés, tel un « rock star »… ou plutôt un « God star »! Une centaine de personnes se massait autour de lui après la messe pour lui dire au revoir et lui confier quelques bons mots avant son départ alors que le tout a duré plus d’une demi-heure.

Pendant ces effusions, des membres de son entourage ont avoué que Raymond Poisson avait été un excellent administrateur et qu’il avait piloté de nombreux dossiers d’envergure, dont l’ambitieuse campagne de financement de 1,8 million de dollars pour reconstruire le toit de la basilique Sainte-Anne de Varennes ou le rapatriement des reliques de sainte Marguerite d’Youville, pour ne nommer que ceux-là.

« Personne n’oubliera non plus ses talents d’orateurs et son esprit vif », ont-ils ajouté, lui qui a souvent été délégué devant les caméras de télévision pour expliquer certaines positions du clergé.

                En rencontre avec le pape

Au terme de ce bain de foule, Raymond Poisson, semblait visiblement touché, mais serein malgré tout. Il a expliqué qu’il était à Lourdes quand la nouvelle a été annoncée, un voyage prévu depuis longtemps. Il était alors en pèlerinage avec les Chevaliers de l’Ordre de Malte, dont il est aumônier, en accompagnement de grands malades afin de leur assurer les soins nécessaires pour qu’ils puissent réaliser ce grand voyage.

D’une certaine façon, ce pèlerinage permettait à tout le monde d’absorber le choc de cette annonce surprise. Il a ensuite fait un détour du côté du Vatican où il était attendu pour une audience avec le pape Benoît XVI.

« J’ai rencontré monseigneur Ouellette (NDLR : qui occupe au sein de la Curie romaine les fonctions de préfet de la Congrégation pour les évêques et de président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine) et nous avons parlé de ma nomination et du nouvel épiscopat pour le Québec puisque nous serons sept ou huit nouveaux sur 19 en tout. Il a également partagé ses inquiétudes par rapport à la transmission de la foi; qu’il faudra travailler encore plus à ce sujet. »

« Le mercredi 9 mai, c’était l’audience papale. Il y avait du monde sans bon sens! Il a 85 ans et il a parlé en huit langues différentes. C’est une tâche inouïe! Les évêques étaient convoqués pour le rencontrer et j’ai pu le voir en personne. Je lui ai dit que je venais du Canada et que je l’assurais de ma fidélité à l’Église; que j’occuperai mes nouvelles fonctions de mon mieux. »

« Il rencontre tellement de gens alors je ne m’attendais à rien en particulier, mais il m’a dit : «Vous savez, ça m’est déjà arrivé… Et regardez où je suis!» Et ensuite il m’a béni. Ça m’a touché! C’était un beau moment… »

Puis Raymond Poisson balaie la basilique du regard, alors que des paroissiens attendent que s’achève l’entrevue, et il laisse tomber : « Je suis triste de partir. C’est un peu comme les enfants qui doivent quitter le giron familial. C’est dans l’ordre des choses! C’est ainsi… »

Toutefois, ce n’est pas un adieu, mais bien un au revoir puisque Raymond Poisson a gardé une chambre à Varennes pour voir régulièrement sa mère qui réside au CHSLD Foyer Lajemmerais et il en profitera pour saluer au passage ses anciens paroissiens.

Et il est facile de deviner qu’il s’adaptera bien à ses nouvelles fonctions puisqu’il est le genre d’homme qui se sent rapidement à l’aise partout où il va, tel un poisson dans l’eau… bénite!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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