Une bière de pain et de fruits voués à la poubelle concoctée à Boucherville

Photo de Diane Lapointe
Par Diane Lapointe
Une bière de pain et de fruits voués à la poubelle concoctée à Boucherville
Martin Audet, directeur de la production et Denis Bélair, copropriétaire de la brasserie New Deal, dans la salle de brassage.

La brasserie New Deal, de Boucherville, est présentement à élaborer une nouvelle bière produite avec du vieux pain et des fruits rejetés par l’industrie alimentaire. Ce produit est le fruit d’un partenariat avec l’entreprise Loop et sera commercialisé cet automne sous le même nom.
Les deux entreprises ont pour mission d’éviter entre autres le gaspillage alimentaire et de redonner une seconde vie à des produits qui, autrement, seraient jetés à la poubelle et donc dans les sites d’enfouissement.
La recette de la nouvelle bière a été pensée par Martin Audet, directeur de la production à la brasserie New Deal. Le maître brasseur va remplacer dans une proportion de 10 à 30 % l’orge ou le blé par du pain bio multigrain, sans additif ni agent de blanchiment, encore bon, mais retiré des tablettes en raison de l’approche de la date de péremption. Trois sortes de bières au pain aromatisées de fruits tels que la lime, la poire et la clémentine déclassées par l’industrie alimentaire, car souvent difformes, seront embouteillées.
Pour la brasserie New Deal, il ne s’agit là que d’une sorte de bière de plus, car la microbrasserie produit présentement 15 différentes bières artisanales et bio; six de base, dont la Boldwin et la Vagabonde, et des brassins éphémères. La première a été dégustée en octobre 2016.
La philosophie de New Deal
Les bières de la brasserie New Deal sont conçues qu’avec des produits biologiques du Québec. L’entreprise veut ainsi protéger l’environnement, diminuer l’empreinte humaine et éviter d’utiliser des ressources qui ont traversé la planète dans le but d’économiser l’énergie, explique Denis Bélair, copropriétaire. Elle préconise l’économie circulaire, et ses «déchets» deviennent une valeur, plutôt que d’aller à la poubelle. Les drêches issues de la fabrication des bières et de la conversion des céréales en malt sont refilées à des entreprises qui les revalorisent. Elles servent notamment à la fabrication de biscuits pour chiens, de savons, ou pour nourrir des bœufs « Wagyu ». Elles sont aussi utilisées par la boulangerie L’Amour du Pain qui a élaboré la recette de pain Boldwin.
L’entreprise est accréditée B Corp. « Nous devons respecter des modes de gestion sociale, écologique, écoresponsable et de développement durable. Ici, le salaire minimum est de 15 $ l’heure et nous favorisons l’insertion sociale en embauchant, entre autres, des personnes ayant un léger handicap.»
En 2017, la brasserie New Deal a produit 2000 hectolitres de bière. Cette année, elle vise à tripler ce chiffre. Avec ses huit fermenteurs, l’entreprise a une capacité de production de 20 000 hectolitres. L’objectif est d’ajouter huit autres fermenteurs afin de brasser deux millions de litres de bière annuellement.

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