Nouvelle approche pour la lutte contre l’agrile du frêne

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Par Daniel Hart
Nouvelle approche pour la lutte contre l’agrile du frêne

Devant la menace de l’agrile du frêne qui fait des ravages dans la forêt urbaine un peu partout en Amérique du Nord, les experts misent actuellement sur la lutte biologique où c’est possible et réalisable.

Ce combat peut s’effectuer en ayant recours aux ennemis naturels exotiques de l’agrile. Cette approche s’inscrit dans une stratégie à long terme pour sauvegarder les boisés naturels qui se trouvent en milieu urbain. Un premier projet suit son cours depuis quelques mois à trois endroits ciblés sur l’île de Montréal : le parc nature du Bois-de-liesse, la frênaie naturelle du Jardin botanique et le Boisé Summit, à Westmount.

Puisqu’en Amérique du Nord, l’éradication de cet insecte ravageur relève de l’utopie, des spécialistes ont cru bon d’utiliser des guêpes originaires de Chine issues de la même région géographique d’où provient l’agrile du frêne pour entreprendre cette opération pilote. L’équipe de lutte intégrée du Service de l’environnement de la Ville de Montréal a relâché plusieurs milliers de parasitoïdes au cours de l’été. Il s’agit de l’espèce Tetrastichus planipennisi et de l’espèce Oobius agrili. Leur importation a été approuvée par les autorités.

Le travail de ces deux types de guêpes sur le terrain se joue sur deux fronts : les unes s’attaquent aux oeufs de l’agrile, les autres s’en prennent aux larves, deux stades du cycle vital de l’insecte ravageur. Les femelles parasitoïdes de l’espèce Tetrastichus planipennisi trouvent les larves d’agrile sous l’écorce du frêne. Lorsqu’une larve d’agrile est localisée, la femelle parasitoïde perce l’écorce et pond ses œufs à l’intérieur de la larve d’agrile. Les œufs éclosent et les larves du parasitoïde mangent la larve d’agrile de l’intérieur, l’éliminant de ce fait.

La plus petite de ces deux types de guêpe, l’Oobius agrili déniche les œufs d’agrile sur les crevasses de l’écorce du frêne, y injecte ensuite son propre œuf à l’intérieur de celui de l’agrile. L’œuf d’Oobius éclot et la larve du parasitoïde grandit en se nourrissant de son hôte tuant ainsi la larve d’agrile avant qu’elle ne puisse émerger de l’œuf.

Ces deux espèces de guêpes se reproduisent en plusieurs générations à chaque année. Les œufs et les larves d’agrile ainsi parasités génèreront d’autres parasitoïdes d’agrile qui iront à leur tour parasiter d’autres œufs et larves d’agriles. Des données récentes, recueillies par les scientifiques, démontrent que ces guêpes importées s’établissent et peuvent même exercer un certain contrôle sur les populations d’agrile du frêne dans les sites où elles ont été relâchées.

Précisons que les guêpes utilisées pour ces interventions sont très spécifiques et ne s’en prennent qu’aux agriles. Elles sont inoffensives pour l’humain  et incapables de piquer.

Du côté de Boucherville, de récentes observations confirment que l’infestation de l’agrile s’accentue et progresse rapidement; tous les frênes sont maintenant susceptibles d’être attaqués et de mourir s’ils ne sont pas protégés à l’aide d’un traitement approprié. Depuis l’année dernière, la Ville a traité plus de 650 arbres situés sur les boulevards, les parcs et certains boisés aménagés. Il n’a pas été possible de connaître le bilan du nombre d’arbres additionnels qui ont été traités cet été, ni l’enveloppe budgétaire qui a été réservée à cette opération. Ces données n’étaient pas disponibles au moment d’aller sous presse.

 

    

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