Café centre d’art: les fraudeurs sont arrêtés

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Par Diane Lapointe
Café centre d’art: les fraudeurs sont arrêtés
La saga du Café centre d’art de Boucherville se poursuit devant les tribunaux.

l’argent avait été transféré dans un compte au Congo
Les enquêteurs du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) ont dû faire des liens jusqu’au Congo, en Afrique, pour épingler les quatre présumés responsables de la fraude de près d’un million de dollars dont la Ville de Boucherville a été victime en 2014 lors de la transformation de l’ancien hôtel de Boucherville, sur le boulevard Marie-Victorin, en Café centre d’art.
Arrêtés le 27 mars dernier, les quatre présumés fraudeurs, soit Jacques Lavoie, son fils Williams Lavoie, Franck Bubara Katata ainsi que Patrick Alain, ont tous comparu une première fois au Palais de justice de Longueuil le 29 mars. Ils ont été libérés sous promesse de comparaître le 5 avril dernier, alors que la Couronne a levé les scellés indiquant les détails des accusations. Ils doivent chacun répondre à huit chefs d’accusation de fraude de plus de 5000 $.
L’enquête menée par les détectives du SPAL a permis d’apprendre que les quatre suspects avaient touché plus de 700 000 $ pour une première phase des travaux, mais plutôt que de payer leurs sous-traitants (sept), ils avaient plutôt transféré l’argent dans un compte de banque au Congo, en Afrique. Katata, un des quatre accusés, est d’origine congolaise.
Phase trois
Trois des accusés, les Lavoie, père et fils, ainsi que Katata, avaient en fait obtenu, au début de 2014, le contrat pour réaliser les travaux de la phase 3 du Café centre d’art, soit tout l’aménagement intérieur. Leur compagnie, Contracteur TRM, avait obtenu le contrat alloué par la Ville, à la suite d’un processus de soumission publique. Ledit contrat, d’une valeur de 3,4 M$, prévoyait que la Ville devait effectuer des versements selon l’avancement des travaux. Le 8 septembre 2014, la Ville effectua un versement de 709 000 $ à TMR pour payer tous les sous-traitants ayant effectué des travaux sur le chantier. Or, personne n’a été payé, et l’argent a été rapidement transféré au Congo. TRM a fermé ses portes, et les trois propriétaires sont devenus introuvables.
Dans les circonstances, la Ville s’est tournée vers l’entreprise qui garantit la solvabilité de l’entrepreneur, ce que l’on appelle la caution. Or cette entreprise, Sûreté de l’Ouest, dont la personne-ressource identifiée est Patrick Alain, s’est avérée être un autre subterfuge, car dans les faits, cette entreprise était fictive.
Les sous-traitants floués ont alors décidé de poursuivre la Ville de Boucherville pour négligence, en tentant d’enregistrer une hypothèque légale, mais l’administration municipale a pris action en déposant une plainte officielle de fraude contre l’entrepreneur et contre la fameuse fausse caution.
À noter que les accusations sont portées contre les individus et non contre les entreprises. À la suite des procédures, s’ils sont trouvés coupables, le juge aura alors à déterminer s’ils devront rembourser  la Ville de Boucherville qui, entretemps, a réglé les litiges avec les sous-traitants qui ont œuvré à la réalisation du Café centre d’art, dont le réaménagement complet aura coûté plus de 7 M$ au total.
Appelé à commenter cette saga, le maire de Boucherville, Jean Martel, a préféré s’abstenir, car le dossier est maintenant judiciarisé.

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