Un buste en l’honneur d’un homme épris de lumière et de liberté!

Photo de Daniel Bastin
Par Daniel Bastin
Un buste en l’honneur d’un homme épris de lumière et de liberté!
Près de 80 personnes se sont rassemblées à Verchères pour l’inauguration officielle du buste à l’effigie de Ludger Duvernay afin de rendre hommage à un citoyen d’exception.

En cette magnifique journée du dimanche 12 novembre dernier, les moissonneuses-batteuses s’affairaient à récolter le maïs dans les grands champs qui bordent Verchères et l’on peut y voir là un beau symbole de l’abondance que le grand homme a semé tout au long de sa vie : l’honneur, l’espoir, la droiture et la justice.
Près de 80 personnes se sont rassemblées dans le parc Jean-Marie-Moreau pour l’inauguration officielle du buste à l’effigie de Ludger Duvernay afin de rendre hommage à un citoyen d’exception et souligner cette année le 165e anniversaire de la mort de ce natif de Verchères, ainsi que le 180e des événements des Patriotes de 1837-1839.
« Il y a de ces personnages, dans notre histoire, qui ont su façonner notre destin de peuple, a lancé le président du Comité du mémorial Ludger Duvernay, Benoit Roy, qui avait invité en mai dernier tous les citoyens du Québec à contribuer généreusement à ce projet rassembleur afin d’amasser 30 000 $ à cette fin.
« Ludger Duvernay fait partie de cette courte liste de héros qui ont voué leur vie à la cause et la défense de notre peuple. Un homme plus grand que nature, convaincu que seul le peuple a la légitimité de tout pouvoir politique. Un homme qui a sacrifié pour défendre ses convictions », a-t-il poursuivi lors des discours qui se sont déroulés ensuite à la mairie. Il a ajouté qu’en ce lendemain du jour du Souvenir, le peuple avait un devoir de mémoire envers ce grand personnage.
Propagateur des lumières de la connaissance
Par la suite, l’auteur Denis Monière a fait sourire l’assistance : « On m’a demandé de faire un discours de cinq minutes, mais mon livre sur Ludger Duvernay fait près de 300 pages! » Il a rappelé que sa maxime est : « Rendre le peuple meilleur pour qu’il puisse se diriger lui-même », puis, faisant un geste en direction du buste à l’extérieur, il a ajouté : « On peut dire que Duvernay a bien mérité de sa Patrie! »
L’animateur bien connu, Gilles Proulx, a martelé quant à lui l’importance de l’histoire, tout en se désolant du même coup qu’elle n’est plus enseignée au Québec… « Nous sommes emportés, écrasés par l’américanisme! », a-t-il déploré et averti tout à la fois.
De son côté, Me Maxime Laporte, président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, fondée par Ludger Duvernay lui-même, a salué « un homme épris de lumière et de justice! », puis il a terminé son allocution en soulignant « le toast lumineux porté par le Verchèrois lors du premier banquet de la Fête nationale en 1834 : Vive le peuple, source de toute autorité légitime! »
Le député de Pierre-Boucher–Les Patriotes–Verchères, Xavier Barsalou Duval a fait sourciller en avouant que le fédéral ne permettait pas que les députés puissent contribuer à un tel mémorial à même leur budget discrétionnaire, mais il n’a pas manqué d’apporter sa contribution personnelle afin que le buste soit érigé. Il a ajouté qu’il allait entreprendre des démarches afin que Parcs Canada reconnaisse Ludger Duvernay comme Personnage historique national, une volonté qui a suscité bien des applaudissements.
Quant au député de Verchères, Stéphane Bergeron, et la chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, ils ont rappelé que le message de liberté du Verchèrois est encore des plus actuels, car des Catalans ont été emprisonnés en octobre dernier juste parce qu’ils voulaient voter sur l’avenir de leur pays…
Finalement, l’ex-premier ministre du Québec, Bernard Landry, a lancé : « La voix du Québec est attendue depuis trop longtemps au concert des nations! […] À Verchères, on ne lâchera jamais! Sortons de cette exception mondiale! Continuons la bataille, continuons le combat! Voilà le plus bel hommage qu’on peut rendre à Ludger Duvernay! »

« Rendre le peuple meilleur! »
Ludger Duvernay demeure pour la postérité celui qui dota le Québec d’une fête et d’une société nationale vouée à la défense de nos droits collectifs les plus chers, la justice, la liberté d’expression et le droit de vivre en français.
Né à Verchères, de Joseph Crevier-Duvernay et de Marie-Anne-Julie Rocbert de La Morandière, Ludger Duvernay (1799-1852) est à peine scolarisé, qu’il obtient, à l’âge de 14 ans, un poste d’apprenti imprimeur au journal Le Spectateur de Montréal. En 1823, il tente sa chance et fonde La Gazette des Trois-Rivières, pour offrir « des moyens d’instruction publique qui ne peuvent que contribuer beaucoup à répandre de plus en plus les lumières et les connaissances ». Durant ses années trifluviennes, Duvernay œuvre aussi comme grand voyer, inspecteur des ponts et des incendies. En 1827, le journal La Minerve connait une impulsion remarquable sous la direction de Duvernay qui en assume chacune des prises de position. Son caractère franc et direct lui vaut vite des ennuis avec le gouvernement anglais qui le fait arrêter à pas moins de trois reprises à cause de ses opinions, ainsi qu’une série de duels au pistolet dont il se sort indemne. En 1834, il conçoit et organise le premier banquet de la Saint-Jean-Baptiste qui deviendra plus tard la Fête nationale du Québec. La Minerve ferme ses portes dès le début de la rébellion de 1837 et Duvernay doit fuir aux États-Unis. Son séjour américain durera cinq ans. Il est alors au centre du réseau des exilés canadiens, notamment par le biais des journaux qu’il publie là-bas, le North American et Le Patriote canadien. À son retour en 1843, Duvernay relance La Minerve et fonde la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal où son journal est désormais mis au service des réformistes de LaFontaine. Durant tout ce temps, il met ses presses à imprimer au service de l’éducation populaire, produisant tant des almanachs que de grammaires ou des petits catéchismes.
Lors de son inhumation en 1855, pas moins de 10 000 citoyens reconnaissants suivront son cortège funéraire, saluant tout à la fois le patriote dévoué à sa patrie, le pionnier du journalisme et le propagateur des lumières de la connaissance qui n’eut jamais qu’une devise : « Rendre le peuple meilleur ».
(Résumé de M. Gilles Laporte)

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