Hommage à un bâtisseur

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Par Daniel Bastin
Hommage à un bâtisseur

Un dernier au revoir émouvant en l’église Sainte-Famille

Au fil des 87 années passées sur cette terre, Charles Desmarteau aura marqué la mémoire de bien des gens et c’est pour cette raison que de nombreux parents et amis étaient présents le 4 avril dernier en l’église Sainte-Famille de Boucherville pour ses funérailles.

« Un mot résumait bien le caractère de papa : c’était un passionné! », a déclaré une de ses filles, Céline, lors des témoignages en l’honneur de cet homme qui nous a quittés récemment. Pour sa part, à la suite de voyages familiaux racontés par Josée, sa sœur Claude a parlé avec émotion des derniers moments de son père alors qu’elle se trouvait à ses côtés. « Il a dit qu’il était très heureux et privilégié d’être entouré d’une aussi belle et grande famille… Qu’il ne regrettait rien… Qu’il a adoré sa famille et qu’il l’emporte dans son cœur. Maman et toi, soyez heureux et amoureux pour l’éternité! On vous aime! », des mots qui ont été accueillis par des applaudissements émus.

De son côté, Charles Desmarteau fils, au nom de ses huit frères et sœurs, a fait part à l’assemblée de quelques témoignages rendus récemment à son père, notamment de la part de Suzanne Roy, mairesse de la ville de Sainte-Julie, préfet de la MRC de Marguerite-D’Youville et vice-présidente de l’Union des municipalités du Québec;   le Bouchervillois Jacques Chagnon, président de l’Assemblée nationale du Québec et un vibrant témoignage de Madeleine Parenteau, présidente de la Société du Patrimoine de Boucherville.

Une voix…

Quand est venu le temps de lire le témoignage de Stéphane Bergeron, ministre de la Sécurité publique du Québec et député de Verchères, Charles fils, à la fois touché et ému, a demandé à son cousin, Raymond Desmarteau, animateur à Radio-Canada International, de lui prêter sa voix l’espace d’un moment…

« Un monument, un véritable bâtisseur de notre région est disparu. Visionnaire, volontaire et entreprenant, il a largement participé au développement de Boucherville et à sa prospérité. Homme de lettres et de culture, il connaissait la puissance des mots qu’il savait manier avec l’aisance d’un prestidigitateur. Il a fondé deux hebdomadaires qu’il a laissés toujours florissants. Il est allé rejoindre sa belle Jeanne, qu’il a tendrement aimée toute sa vie. Charles Desmarteau, père nous est toujours apparu comme un homme solide comme le roc. Ce qu’il y a peut-être de plus troublant dans son départ, c’est de réaliser que même le roc est vulnérable. » 

« Cela dit, nous le savions sensible et fier; fier de ce qu’il avait bâti, fier de sa famille, fier de sa communauté, fier de sa région, fier de son peuple. Il a été et demeure une source d’inspiration pour plusieurs. Je me revois, jeune politicien, au contact de cet homme rompu aux règles et aux subtilités du monde des communications, me prodiguant généreusement ses conseils… et s’employant de façon perspicace à me convaincre de prendre de la publicité! » 

« Sa voix forte, mais quelquefois tremblotante; ses prises de positions tranchées; sa franchise et sa diplomatie; sa présence rassurante, même lorsqu’il était loin de notre regard; sa sagacité, son sens de l’humour si particulier et son rire distinctif nous manqueront beaucoup. Son legs inestimable et son souvenir perdureront très longtemps. Merci cher ami! », a livré Raymond Desmarteau avec une voix dont la force rappelait celle du défunt…

                  Le sens de sa vie…

Le maire de Boucherville, Jean Martel, a aussi pris la parole lors de la cérémonie, survolant ses nombreuses réalisations, puis il est sorti de son texte pour confier l’une des dernières rencontres à son bureau avec le fondateur du journal La Relève et La Seigneurie, alors âgé de 83 ans. Celui-ci lui avait expliqué qu’il s’était fixé un objectif qui ranimerait sa vivacité si étonnante : écrire un livre sur le premier maire de Boucherville, Louis Lacoste, notaire à Boucherville et député ayant pris part à la rébellion des Patriotes, inhumé dans le caveau de cette même église Sainte-Famille.

« Je savais que Charles Desmarteau avait perdu son père en bas âge, a mentionné le maire. Et, alors qu’il me présentait son nouveau projet avec sa fougue caractéristique, je lui ai dit : “Toutes ces recherches que vous faites inlassablement sur nos racines, sur notre histoire, n’est-ce pas un peu votre père que vous recherchez à travers tout cela?” Secoué, il a alors pleuré, puis il m’a confié : “Vous venez vraiment de comprendre le sens de ma vie!… ” »

M. Martel a ensuite poursuivi : « Comme son fils Charles me répète souvent, chaque crise amène une opportunité! Celle qui a touché M. Desmarteau nous a amenés à mieux connaître notre histoire ». Le maire a conclu en évoquant une métaphore du hockey qu’il affectionne : « C’est un monument que l’on perd (…), c’est un peu le Maurice-Richard de l’histoire de Boucherville que l’on perd ».

                  Et la vie…

Charles fils a ensuite remercié parents et amis présents et d’autres personnes qui lui ont rendu hommage à leur façon, notamment les membres du quatuor musical de cette célébration liturgique : à l’orgue, le titulaire Denis Dion, au violon, Hélène Blanchet, la soprano, Annie Sanschagrin, et le ténor, Guy O’Bomsawin. Puis, s’adressant à ce dernier, il a confié avoir versé quelques larmes, car le ténor a entonné des œuvres avec une passion et le même registre que son père qui aimait chanter ces airs d’opéra pour sa famille et ses amis…

À la toute fin, le père célébrant, Jean Pierre Camerlain, a pris en souriant dans ses bras un des petits-fils en disant que le jeune Théodore est la preuve vivante que, malgré tout, la vie continue!

 

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