Violence conjugale: Plus de dénonciations par de tierces parties

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Par Steve Martin, Initiative de journalisme local
Violence conjugale: Plus de dénonciations par de tierces parties
Pour certaines victimes de violence conjugale, l'isolement préventif a créé une situation encore plus inconfortable. (Photo : pxfuel)

La violence conjugale demeure un sujet de préoccupation dans notre société encore de nos jours. Les conditions imposées à tous les ménages québécois au cours de la dernière année ont cependant créé un contexte plus complexe pour les femmes qui songent à dénoncer.

« Ce que je peux dire, c’est qu’au cours des derniers mois, ç’a été très instable, admet Claudine Thibaudeau, travailleuse sociale et responsable du soutien clinique et de la formation pour SOS violence conjugale. Il y a des journées où ça bouge beaucoup. On en vient vraiment à se demander ce qui se passe. Quand une femme décide de rompre, le processus peut être long. Ce sont des décisions qui sont extrêmement complexes à prendre. Elles se demandent ce qui va leur arriver, si elles vont pouvoir se reconstruire. Et avec la Covid-19, c’est comme si ça ajoutait une nouvelle couche d’inconnu à l’inconnu. »

Risque élevé

Selon Mme Thibaudeau, malgré les consignes d’isolement qui font que des victimes se sont retrouvées coincées avec leur bourreau, certaines femmes ont tout de même choisi depuis le printemps de prendre des actions afin de se sortir de l’impasse.

« Ça arrive souvent dans des situations où le degré de danger devient particulièrement élevé, explique-t-elle. C’est certain que l’isolement vient avec un sérieux potentiel d’escalade. Et la situation fait en sorte qu’il y a moins de regards extérieurs qui se portent sur la situation et la victime. »

En contrepartie, la travailleuse sociale remarque que plus de proches inquiets ont consulté l’organisme depuis le printemps dernier. « On a développé de nouveaux services pour qu’ils puissent plus aisément nous joindre. Par clavardage par exemple ou par texto. Ce sont des amis, des membres de la famille. Ils sont plus inquiets, car ils ont moins de facilité à communiquer avec la victime parce qu’elle demeure au foyer avec le partenaire qui est toujours là. Ils ont moins la capacité de sentir si ça va ou non. Au cours des premiers mois de la Covid-19, beaucoup de proches nous ont contactés pour avoir du soutien. »

Selon Mme Thibaudeau, cette démarche est saine et permet aux intervenants de bien outiller ces personnes bienveillantes de l’entourage de la victime. « Plus les gens seront sensibilisés à la problématique et impliqués dans leur volonté de soutenir les victimes, plus on va arriver éventuellement à faire changer les choses. »

Au-delà des blessures

SOS violence conjugale a par ailleurs mis au point certains outils, dont le questionnaire en ligne sur le site cestpasviolent.com, qui permet de déterminer si un geste ou une parole peut être considéré comme violent ou non. Cette initiative a permis à beaucoup de personnes de prendre conscience que la violence la plus insidieuse n’est pas celle qui laisse des marques.

« On invite les gens à participer à des discussions.  C’est un peu comme les Livres dont vous êtes le héros. On choisit comment la discussion va se dérouler, les interactions entre la victime et l’agresseur. Ç’a eu énormément de succès. Et c’est un bon outil afin de reconnaître la violence quand elle est plus subtile. De jeunes hommes se sont dit en répondant à ça : « Quand je fais ça, c’est de la violence? Je ne savais pas! » La violence conjugale, c’est quand même quelque chose qui touche énormément de monde. »

Pour contacter une intervenante de SOS violence conjugale, vous pouvez composer le 1-800-363-9010 à tout moment du jour et de la nuit, et ce, 7 jours sur 7 ou encore écrire à sos@sosviolenceconjugale.ca

 

 

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